LR propose la création d'un ticket restaurant étudiant : la majorité opte pour une autre solution

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Deux étudiants au resto u de la Tour Maubourg (Paris), en février 2021
Deux étudiants au resto u de la Tour Maubourg (Paris), en février 2021 (Nicolas Guyonnet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)
par Raphaël Marchal, le Jeudi 30 septembre 2021 à 10:42, mis à jour le Jeudi 30 septembre 2021 à 10:42

En commission des affaires sociales, les députés ont largement modifié une proposition de loi adoptée par le Sénat, visant à mettre en place un ticket restaurant pour les étudiants ne disposant pas de structure de restauration collective. Au point de "dénaturer" le texte, a jugé la rapporteure, Anne-Laure Blin (LR). La proposition de loi sera examinée en séance publique le 7 octobre, dans le cadre de la journée d'initiative parlementaire du groupe Les Républicains. 

Anne-Laure Blin n'a caché sa déception à l'issue de l'examen de son texte en commission des affaires culturelles, mardi 28 septembre. Alors qu'elle a plaidé pour une adoption conforme de la proposition de loi "visant à créer un ticket restaurant étudiant", telle que validée par le Sénat, le texte a été amendé par la majorité, au point de le "vider de sa substance", a déploré la députée Les Républicains.

Zones sans resto U, queues interminables, coût parfois supérieur à celui prévu de 3,30 euros... La députée a déroulé la longue liste des difficultés rencontrées par certains étudiants pour bénéficier de repas dans les Crous, difficultées renforcées par la crise sanitaire. Pour y remédier, le texte proposait de mettre en place un ticket restaurant pour les étudiants, sur le modèle de celui qui existe pour les salariés, applicable dans les territoires où le manque de structures se fait ressentir. "De plus en plus d'étudiants préfèrent se restaurer à leur domicile", a souligné Anne-Laure Blin, jugeant la solution prévue par le texte "faisable dans un temps très court".

La majorité n'a toutefois pas tenu compte de ces arguments. "La généralisation d'un ticket restaurant étudiant est trop restrictive", a estimé Fabienne Colboc (LaREM). Si elle a tout à fait reconnu l'existence de "zones blanches" dépourvues de restos U, la députée a jugé plus efficace de développer les conventions passées avec d'autres établissements privés ou publics (lycées, collèges, hôpitaux ou bâtiments administratifs). Et de remplacer le ticket restaurant étudiant prévu par cette proposition de loi dans les zones blanches par une aide financière (tels que des bons d'achat) dont les modalités de distribution devront être précisées par décret. Son amendement, identique à celui déposé par des députés MoDem et Agir ensemble, a été adopté.

190 conventions

Regrettant cette modification, Anne-Laure Blin a déploré une lecture "politique" faite de son texte. Selon la députée LR, seulement 190 conventions ont actuellement été passées entre le Crous et d'autres établissements. Ce qui reste insuffisant pour combler l'ensemble des zones blanches, toutes les académies n'étant pas concernées, bien que la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, se soit engagée à augmenter ce nombre de conventions. En outre, les aides financières n'ont pas eu un grand succès durant la crise due au Covid-19, car les étudiants n'ont pas voulu prendre le risque d'être stigmatisés, a estimée l'élue.

"Tout cela est déjà faisable à droit constant". a poursuivi Anne-Laure Blin, qui a vu dans l'attitude de la majorité un moyen de renvoyer le texte dans "les oubliettes", alors que la fin de la législature approche et qu'une modification de la proposition de loi va de fait entraîner un nouvel examen au Sénat. "Vous êtes dans la posture politique. [...] On aurait pu apporter une aide opérationnelle à des étudiants qui souffrent. Vous ne leur apportez aucune réponse", a abondé Julien Ravier (LR). "Nous ne sommes aucunement dans une posture politique", a rétorqué Fabienne Colboc. "Le ticket restaurant ne peut pas être une seule réponse. Nous proposons des réponses multiples, pour des territoires multiples et des difficultés multiples." Le texte sera examiné dans l'Hémicycle jeudi 7 octobre.