Au terme de plusieurs jours de discussions, le Parti socialiste a annoncé sa participation "de principe" à la "Nouvelle union populaire écologique et sociale", proposée par La France insoumise. Si cette décision est validée en Conseil national, le PS sera, après Génération.s, EELV et le PCF, la cinquième composante à rejoindre la coalition, dont l'objectif affiché est de devenir la première force d'opposition à l'Assemblée, voire d'imposer une cohabitation à Emmanuel Macron.
Les discussions ont été longues et intenses, mais ont finalement abouti à une entente entre deux formations de gauche que certains avaient jugées à jamais irréconciliables. Une convergence qui paraissait encore impossible avant l'élection présidentielle. Après avoir poursuivi les discussions tout au long de la nuit de mardi à mercredi, le Parti socialiste a annoncé, mercredi 4 mai, que les délégations des deux formations étaient parvenues à un "accord de principe" en vue de leur rapprochement pour les législatives de juin. Pierre Jouvet, qui a mené les négociations pour la délégation socialiste, a évoqué un "moment historique".
Un peu plus tard dans la journée, et alors même que les deux parties finalisaient les termes de leur entente, elles ont fait savoir que 70 circonscriptions seraient réservées au Parti socialiste. Parmi ces dernières, 25 à 30 sont dites gagnables, soit un ratio proche du nombre de sortants (25 députés socialistes, et trois apparentés).
Parmi les points qui ont pu ralentir les discussions, la 15ème circonscription de Paris, qui semblait devoir revenir à Lamia El Aaraje (PS) dont l'élection, lors d'une législative partielle qui a eu lieu en 2021, a été invalidée par le Conseil constitutionnel. Le PS aurait souhaité garder dans son giron l'unique circonscription parisienne qu'il a possédé au cours de la dernière législature, mais la candidature reviendra finalement aux Insoumis, qui y renouvelle leur confiance à Danielle Simonnet, déjà en lice lors de la législative partielle de l'an dernier.
Sur le fond, Eric Coquerel (LFI) avait indiqué dès mercredi matin que les quelques divergences qui avaient pu subsister étaient résorbées, y compris sur le terme de "désobéissance" vis-à-vis de certaines règles européennes, et sur la retraite à 60 ans. Il a évoqué "quelques formules" dans le texte commun faisant l'objet de derniers arbitrages.
Cet objectif de rapprochement, formulé dès la semaine dernière par la direction du Parti socialiste, emmenée par Olivier Faure, et validé en Conseil national le 19 avril, était loin de faire l'unanimité. Plusieurs figures du parti, dont François Hollande et Jean-Christophe Cambadélis, mais aussi des élus locaux à l'image de la présidente de la région Occitanie Carole Delga, ont clamé haut et fort leur refus de se rallier à Jean-Luc Mélenchon.
L'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, avait publié un texte indiquant qu'il quitterait le PS si l'entente avec les Insoumis avait lieu, avant de confirmer son départ mercredi soir, dans un entretien au journal La Manche Libre. “Parce que je suis fidèle au socialisme républicain et que je le resterai, je ne pourrai, en conscience et en responsabilité, demeurer dans le parti dont les dirigeants auront oublié ce qui le fonde et perdu leur boussole”, avait ainsi expliqué, mardi, l'ancien locataire de Matignon. Enfin, une interpellation sous forme de lettre à l'initiative de la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, rejointe par 1000 membres du parti, avait été rendue publique le même jour, évoquant purement et simplement une "reddition".
Le maire du Mans et ancien ministre de l'Agriculture de François Hollande, Stéphane Le Foll, est même allé plus loin en proposant de "conduire la campagne" des dissidents du PS qui souhaiteraient se présenter à l'écart de la coalition de la NUPES aux élections législatives. Enfin, dernière défection en date, celle de l'ancien président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui a annoncé ce mercredi via Twitter mettre fin à son "aventure commune" avec le PS.
Le Conseil national du Parti socialiste, qui se réunira jeudi 5 mai en fin de journée, sera saisi d’un accord politique global, et devra décider par un vote s’il le valide ou non. Si c'est le cas, scénario le plus probable, le PS rejoindra officiellement la coalition formée par Génération.s, les Parti communiste, Europe Écologie-Les Verts et La France insoumise. Pour ce qui est du Nouveau parti anticapitaliste, la présence du PS dans la coalition pourrait finalement mettre à mal sa participation. Les discussions se poursuivaient mercredi avec le NPA. La "Nouvelle union populaire écologique et sociale" au complet se retrouvera le samedi 7 mai à Aubervilliers, à l'occasion d'une convention nationale qui lancera officiellement la campagne des législatives à gauche.