Législatives : "Battez-vous", demande Emmanuel Macron aux candidats d'Ensemble !

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Les candidats investis par la majorité présidentielle, réunis à Aubervilliers le 10 mai 2022 (AFP)
par LCP.fr, le Mardi 10 mai 2022 à 18:54, mis à jour le Mardi 10 mai 2022 à 21:46

Quelque 400 candidats de la majorité présidentielle qui concourront pour soutenir Emmanuel Macron aux élections législatives étaient présents, mardi 10 mai, aux Docks d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) pour une journée de formation. En fin de journée, le Président est venu mobiliser ses troupes et ainsi lancer la campagne d'Ensemble ! qui regroupe La République en marche, le Mouvement démocrate et Horizons.  

Team building, conseils pratiques, photo de famille et discours du chef : les candidats de la majorité présidentielle pour les législatives de juin se sont réunis, mardi 10 mai, alors que les formations qui soutiennent Emmanuel Macron sont sur le point de boucler la liste de leurs investitures pour ces élections. Ces candidats de la maison commune "Ensemble !" ont été conviés aux Docks d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) pour une journée de formation. Les principales figures du pouvoir sortant ont passé une tête, parmi lesquelles plusieurs ministres, dont certains sont candidats comme Olivier Véran, Jean-Michel Blanquer, Gabriel Attal ou Clément Beaune.

En fin de journée, c'est Emmanuel Macron, lui-même, qui lors d'un discours à huis clos, a tenu à mobiliser les candidats investis pour former la majorité dont il aura besoin pour mener sa politique. "Ne vous laissez pas intimider" et "battez vous", a-t-il notamment lancé lors de son intervention. "Il n'y a pas de troisième tour de l'élection présidentielle", a par ailleurs insisté le Président, selon des participants, en appelant les candidats d'Ensemble ! à ne pas se "laisser intimider par ceux qui voudraient rejouer aux législatives ce qui a été tranché à la présidentielle". "Rien n'est écrit, rien n'est fait", a averti le chef de l'Etat, défendant un "projet qui remet au coeur le travail" et qui "s'attaque aux inégalités à la racine". Alors qu'il doit toujours dévoiler le nom de son nouveau Premier ministre, Emmanuel Macron a une nouvelle fois promis "une méthode nouvelle", celle d'une large "association de toutes les forces politiques et forces vives de la Nation".

Le temps des au revoirs ?

Jean Castex a invité l'ensemble de ses ministres à dîner jeudi soir, avant la nomination d'un nouveau gouvernement. En attendant, les troupes sont "en ordre de marche pour conquérir une majorité présidentielle", a assuré dans son discours d'accueil le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, selon un participant. Il a vanté avec Ensemble ! "un vaste mouvement unitaire et pluraliste apte à ouvrir les bras et à rassembler". Et s'est félicité de cette "date formidable" du 10 mai. Quarante-et-un ans après l'élection de François Mitterrand, les soldats de Macron II forment "un arc républicain: sociaux-démocrates, écologistes, centristes et droite libérale", a-t-il énuméré.

Constance Le Grip, qui siégeait jusqu'alors sur les bancs de LR, est la dernière prise de guerre des macronistes. "Je reste fidèle à mes convictions d'une droite moderne, libérale, sociale et européenne", dit-elle au milieu d'environ 400 autres candidats investis, dont une moitié pour qui c'est la première candidature aux élections législatives. Au programme de la journée: photo de famille en rangs serrés, et "ateliers" sur la stratégie de campagne ou la communication. Sur la forme, "ne soyez pas radins sur les coups à boire" et "le smile (le sourire), profitez-en", préconise Sarah El Haïry, membre du gouvernement et prétendante à un second mandat de députée en Loire-Atlantique. Sur le fond, "être à l'écoute de son territoire, faire une analyse politique la plus fine possible, construire non pas un programme local mais un programme national décliné au niveau local", recommande le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

"Nous nous sommes tous rassemblés sur le fond, par au prix de compromissions idéologiques", fait valoir le délégué général de La République en marche Stanislas Guerini, critiquant l'accord des partis de gauche à travers la Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (NUPES). 

Mobiliser son électorat

Le séminaire, volontiers bon enfant, a été porté par un vent d'optimisme : revigorée par la réélection d'Emmanuel Macron, la majorité sortante envisage une participation relativement faible aux deux tours des 12 et 19 juin, alors que son électorat est réputé le plus mobilisé. Le ministre Franck Riester, qui sera candidat pour la quatrième fois en Seine-et-Marne, égrène ses bons conseils de campagne: "Faut qu'on voie le visage du candidat en gros et souriant", et surtout, "il faut qu'on voit clairement que le candidat est soutenu par Emmanuel Macron". "Moi, je ne perds pas de temps à faire campagne dans les zones où je suis faible : mon seul enjeu, c'est de mobiliser mon électorat", glisse un sortant, qui identifie "des poches bobos au centre-ville qui votent LFI et qui ne sont pas récupérables".

Reste que parmi les candidats, néophytes ou non, questions et réflexions fusent: Mireille Clapot, députée de la Drôme, a "un problème avec Wikipedia". Jimmy Pahun, élu breton, fait remarquer qu'"on a voté treize lois sur la sécurité mais nous, quand on a été harcelés, rien". C'est "la dureté des réseaux sociaux", relativise Eric Bothorel (Côtes-d'Armor). "Évidement, on maîtrise le programme et le bilan, mais c'est intéressant de voir sur quoi les instances nationales mettent la priorité", relève la députée de Gironde Catherine Fabre. Mais, grince un prétendant normand, "pas facile de faire campagne sans gouvernement nommé", alors que d'autres s'inquiètent de ne pas pouvoir "mettre en avant trois ou quatre mesures-phares qui percutent vraiment". "Soyez offensifs sur l'Europe", répond Gabriel Attal, qui reconnaît par ailleurs que, sur le sujet des retraites, les prétendants dans les circonscriptions réputées de gauche devront jouer "plutôt défensif". A la sortie de l'atelier, qu'en auront-ils retenu ? "Je vais me faire les vingt-six maisons de retraite de ma circonscription", répond un jeune trentenaire dont c'est la première élection.

Avec AFP