Au soir du premier tour des élections législatives, environ 300 triangulaires étaient possibles avec des configurations souvent favorables au Rassemblement national. Plusieurs candidats de la coalition présidentielle et du Nouveau Front Populaire, qui auraient pu se maintenir, ont décidé de se retirer pour tenter de freiner la dynamique du parti présidé par Jordan Bardella.
Les candidats en situation de se maintenir pour le second tour des élections législatives ont jusqu'à mardi 2 juillet, à 18 heures, pour prendre leur décision. Lors des législatives, outre les deux candidats arrivés en tête, tout prétendant ayant obtenu au moins 12,5% des inscrits sur les listes électorales est qualifié pour le second tour. Mécaniquement, une faible participation favorise les duels. Et inversement, une forte participation favorise les situations dans lesquels trois candidats, voire quatre candidats, peuvent se maintenir.
Au soir du premier tour, dimanche 30 juin, environ 300 circonscriptions étaient en situation potentielle de triangulaires pour le second tour, contre seulement 7 lors des législatives de 2022. Avec, cette année, des configurations souvent favorables au Rassemblement national, qui est arrivé en tête dans de nombreuses circonscriptions. Depuis l'annonce des résultats du premier tour, un certain nombre de candidats de la coalition présidentielle Ensemble et du Nouveau Front Populaire ont donc annoncé retirer leur candidature pour faire barrage à la formation de Marine Le Pen.
Lundi à la mi-journée, au moins une vingtaine de candidats de la coalition présidentielle arrivés en troisième position avaient déjà annoncé leur décision de se désister. Leur but : suivre la ligne fixée par le Premier ministre, Gabriel Attal, qui souhaite "empêcher" le Rassemblement national d'obtenir une éventuelle majorité absolue.
C'est notamment le cas des ministres déléguées Fadila Khattabi (Personnes handicapées) et Marie Guévénoux (Outre-mer), arrivées en troisième position dans la 3ème circonscription de Côte-d'Or et dans la 9ème circonscription de l'Essonne. "Vous le savez, je me suis engagée en politique en 2002, contre Jean-Marie Le Pen, et le fondement de mon engagement n'a pas varié", a commenté Fadila Khattabi sur Facebook. Sabrina Agresti-Roubache, qui était candidate dans la 1ère circonscription des Bouches-du-Rhône, a pris la même décision : "Les échecs ça arrive, le déshonneur on ne s'en remet jamais", a déclaré la secrétaire d'Etat chargée de la Citoyenneté et de la Ville, selon des propos publiés dans Le Monde.
Plusieurs députés sortants de l'ex-majorité présidentielle ont également choisi de se retirer : Bruno Millienne (9ème des Yvelines), Caroline Janvier (2ème du Loiret), Frédéric Descrozaille (1ère du Val-de-Marne), ou encore l'ancien président de la commission d'enquête sur la TNT, Quentin Bataillon (1ère de la Loire). "Je ne maintiendrai pas ma candidature, l'objectif étant de tout faire pour empêcher la victoire de l'extrême droite", a expliqué Bruno Millienne sur X (ex-Twitter).
Même chose dans la 4ème circonscription de la Sarthe, où Sylvie Casenave-Péré a annoncé son désistement, laissant ainsi la candidate du Nouveau Front populaire Elise Leboucher (LFI) affronter Marie-Caroline Le Pen, la sœur aînée de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle. Dans la 1ère circonscription de la Somme, c'est Albane Branlant qui retire sa candidature, alors que François Ruffin est en ballotage défavorable face à Nathalie Ribeiro-Billet qui représente le RN.
Se retirent également Fabienne Colboc (4ème circonscription d'Indre-et-Loire), Adrien Morenas (5ème du Vaucluse), Pascal Lavergne (12ème de Gironde), Laurence Heydel Grillere (2ème de l'Ardèche), Louve Carrière (2ème de l'Isère), Jean-Charles Colas-Roy (5ème de l'Isère), Pascale Boyer (1ère des Hautes-Alpes), Patricia Chapelotte (1ère de l'Orne), Alexis Izard (3ème de l'Essonne), Jean-Bernard Sempastous (1ère des Hautes-Pyrénées) et Louis Margueritte (5ème de Saône-et-Loire).
A ce stade, le porte-parole de Renaissance, Loïc Signor, maintient en revanche sa candidature. Il est arrivé en troisième position dans la 3ème circonscription du Val-de-Marne (23,77%), derrière le député LFI sortant Louis Boyard (42,17%) et le candidat RN Arnaud Barbotin (27,31%). "Mon maintien est une sécurité, la circonscription ne tombera pas dans les mains du RN", affirme Loïc Signor sur X, qui dit vouloir "ne pas laisser les électeurs orphelins d'un représentant des valeurs républicaines".
Conformément aux appels lancés par plusieurs figures de la gauche, des candidats du Nouveau Front populaire ont, eux aussi, annoncé leur retrait. Parfois au profit d'un candidat de la coalition présidentielle, parfois au profit d'un autre candidat de gauche. Par exemple, dans la 6ème circonscription du Calvados, Noé Gauchard, arrivé troisième, a annoncé son désistement, alors que l'ancienne Première ministre, Elisabeth Borne, doit faire face au candidat Rassemblement national Nicolas Calbrix.
Autre cas de figure, dans la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône, le candidat investi par La France insoumise, Allan Popelard, arrivé en troisième position, se retire au profit du député sortant Hendrik Davi, qui avait décidé de se présenter alors qu'il n'avait pas obtenu l'investiture du parti de Jean-Luc Mélenchon. "Il est exclu de donner la moindre chance au RN de remporter un siège", écrit sur X Allan Popelard, qui accuse toutefois Hendrik Davi d'avoir "dupé les citoyens" et annonce d'ores et déjà qu'il déposera un recours "dès le 8 juillet".
Dans la 6ème circonscription de l'Essonne, Hella Kribi-Romdhane (Génération.s, soutenue par LFI) a annoncé son désistement au profit du député socialiste sortant Jérôme Guedj. Dans cette circonscription attribuée au PS dans le cadre de l'alliance de gauche, Jérôme Guedj avait décliné l'étiquette NFP, tout en conservant l'appui de son parti. Ce qui avait suscité la candidature concurrente d'Hella Kribi-Romdhane, qui se retire donc pour tenter d'éviter l'éventuelle élection de Natacha Goupy, candidate sous les couleurs du RN.