Le Parlement valide la nomination de Luc Rémont à la tête d'EDF

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Luc Rémont à l'Assemblée nationale, le 26 octobre 2022
par Raphaël Marchal, le Mercredi 26 octobre 2022 à 15:43, mis à jour le Jeudi 27 octobre 2022 à 11:38

Choisi par Emmanuel Macron pour succéder à Jean-Bernard Lévy au poste de PDG d'EDF, Luc Rémont a été auditionné, mercredi 26 octobre, par les commissions des affaires économiques de l'Assemblée nationale et du Sénat qui ont donné un avis favorable à sa nomination. 

Aucun sujet n'a été évité. Pendant près de 2h30, les questions des députés de la commission des affaires économiques ont fusé : défis auquel est confronté EDF, rumeurs de démantèlement du groupe, rémunération du PDG, indépendance vis-à-vis d'Emmanuel Macron... Auditionné au Sénat, puis à l'Assemblée nationale, mercredi 26 octobre, Luc Rémont a vu sa nomination à la tête d'EDF confirmée en début d'après-midi. Dans le détail, il a recueilli la majorité aussi bien au Palais-Bourbon (32 voix pour, 29 contre), qu'au Palais du Luxembourg (26 pour, 19 contre). Sa nomination aurait pu être rejetée si trois cinquièmes des voix au sein des commissions compétentes s'étaient exprimées contre lui.

De nombreux défis pour EDF et son PDG

Devant les députés, Luc Rémont n'a pas minoré la portée des défis qui l'attendent lui et EDF, qui plus est dans un contexte de crise énergétique sur fond de conflit en Ukraine. "L'énergie est devenue une arme utilisée par la Russie", a-t-il relevé en plaidant pour la transformation des règles européennes du marché de l'énergie, dont les failles ont été mises en lumière par la situation actuelle. 

Il est également revenu sur la situation financière d'EDF, tendue sous l'effet conjugué de l'indisponibilité d'une partie du parc nucléaire, de la baisse de production et des mesures de régulation. L'endettement de l'entreprise pourrait ainsi atteindre 60 milliards d'euros d'ici à la fin de l'année. Selon Luc Rémont, la situation devrait néanmoins s'améliorer sous l'effet de la remontée en puissance de la production nucléaire. Autre dossier qui attend le successeur de Jean-Bernard Lévy : la renationalisation à 100 % d'EDF, voulue par Emmanuel Macron.

Au cours de son audition, Luc Rémont a également évoqué les enjeux à long terme : transition énergétique et développement de l'électricité décarbonée en priorité. À ce titre, il a affiché sa volonté de s'appuyer sur le nucléaire. "Il n'y a pas de stratégie bas carbone sans nucléaire", a-t-il affirmé, se félicitant de la volonté du président de la République de renouveler le parc nucléaire.

L’actuel responsable des opérations internationales de Schneider Electric a présenté une vision d'EDF reposant sur trois piliers : une production diversifiée qui inclue le renouvelable, le nucléaire, l'hydroéléctrique, le développement d'une relation particulière avec le client, visant à accompagner entreprises, collectivités territoriales et particuliers dans la transition énergétique. Mais également la transformation du réseau, un enjeu "stratégique".

Une audition parfois houleuse

Devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée, Luc Rémont a dû répondre à des députés de l'opposition hostiles à sa nomination. Il a notamment été interrogé sur des rumeurs de démantèlement d'EDF et de ses filiales, relancées par un article opportunément publié par Marianne ce matin. "Pour retrouver du cash, allez-vous vendre Enedis, Dalkia, RTE, à l'encan ?", a questionné Sébastien Jumel (Gauche démocrate et républicaine), inquiet de ce qu'il identifie comme un "projet Hercule 2.0". En réponse, Luc Rémont s'est voulu rassurant, indiquant que sa seule feuille de route était de "faire réussir EDF", sans projet de démantèlement.

Le futur président-directeur général d'EDF a également été présenté par Julien Dive (Les Républicains) comme "l'homme de l'Élysée", du fait de sa proposition de nomination par Emmanuel Macron. "Je ne suis l'homme de personne. Je suis l'homme d'une mission", a rétorquéLuc Rémont, ajoutant : "EDF est une fierté nationale. Je vois moins ce rôle comme une fonction que comme une mission."

Autre point clivant : la rémunération du P-DG d'EDF est fixée à 450 000 euros par an, comme pour toutes les entreprises publiques, mais des rumeurs de déplafonnement ont couru au cours de l'été. Interrogé sur leur véracité par Dominique Potier (Socialistes), Luc Rémont a quelque peu éludé, affirmant ne pas connaître son futur salaire. "Tout ce que je sais, c'est que j'ai accepté une baisse significative par rapport à mes émoluments actuels", a-t-il souligné. 

Le rôle qu'aurait pu jouer Luc Rémont lors de la vente de la branche énergie d'Alstom lorsqu'il travaillait pour la Bank of America Merrill Lynch a aussi sucité des interrogations. "J'ai quitté Merrill Lynch après le premier contact entre Alstom et General Electrics", a-t-il indiqué. Le président de la commission des affaires économiques, Guillaume Kasbarian (Renaissance), qui était rapporteur de la commission d'enquête de l'Assemblée sur ce sujet en 2018, a rappelé que le nom de Rémont n'apparaissait nul part dans les conclusions rendues par l'organe.