C’est un choix qui peut surprendre de la part de La France insoumise : pour sa rentrée parlementaire, le groupe présidé par Jean-Luc Mélenchon a décidé de débattre des questions de sécurité. Objectif : se défaire des accusations “d’angélisme” et détailler ses propositions autour d’un triptyque “prévention, répression, réparation”.
Ses premiers mots donnent le ton : “La France insoumise a décidé de changer sa méthode de combat sur le sujet qui nous occupe aujourd’hui”. Jean-Luc Mélenchon ne veut plus être caricaturé sur les questions de sécurité. Il propose donc “un changement de pied”.
Le président du groupe LFI à l’Assemblée avait préparé les esprits dans une note publiée sur son blog quelques jours plus tôt. Évoquant les questions de sécurité, il appelait alors ses camarades à “changer de tactique” : “Mieux vaut ouvrir le débat sur la façon de régler le problème plutôt que sur son existence”.
Face à la salle, et après un échange de plus de deux heures avec des experts, Jean-Luc Mélenchon expose en détail sa nouvelle stratégie : “Nous sommes d’accord pour combattre immédiatement et sans concession le crime et la délinquance. Mais alors, nous demandons un bilan des outils qui ont été utilisés, car nous en avons d’autres à proposer.”
Pour Jean-Luc Mélenchon, le bilan des politiques sécuritaires de ces trente dernières années est vite fait : “C’est un zéro pointé. Pendant des années on nous a traités d’angéliques. Eh bien maintenant on traite les autres d’inefficaces.”
Les “outils” que propose La France insoumise s’articulent autour du triptyque “prévention, répression, réparation”. Mais avant de mettre en œuvre cette politique, Jean-Luc Mélenchon veut “refonder la police de fond en comble”. “Nous avons besoin d’une police républicaine. (...) Une police qui ne soit plus manipulée par des syndicats d’extrême droite qui ont des comportements factieux.” Le président du groupe LFI propose notamment de “rétablir une formation sérieuse” des policiers, de créer un nouveau code de déontologie et de prendre, selon son expression, une mesure “de morale publique” : la dissolution de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) “qui pour 400 cas étudiés trouve à peine deux à faire discuter”.
A moins de deux ans de l’élection présidentielle, La France insoumise espère gagner en crédibilité sur le thème de la sécurité. “Oui, on s’apprête à gouverner ce pays“, lance le député du Nord Ugo Bernalicis, “oui, il y aura un ministre de l’Intérieur, oui, il y aura un ministre de la Justice. Les sujets régaliens ne sont pas des sujets annexes”.
Quant à la polémique déclenchée par l’emploi du terme “ensauvagement” par Gérald Darmanin, Jean-Luc Mélenchon y voit une nouvelle illustration de l’instrumentalisation du thème de la sécurité par une partie de la classe politique.
Face aux “coups de menton” qu’il dénonce, Jean-Luc Mélenchon dit vouloir “amener de la raison” et affirme être partisan d’un “retour au calme” sur ce thème de la sécurité souvent matière à polémiques.
Clément Méric