La nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), a présenté ce jeudi 19 mai son "programme partagé de gouvernement". Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui aspire à la fonction de Premier ministre en cas de victoire aux élections législatives et de cohabitation, était présent avec les représentants des autres composantes politiques de la coalition.
8 chapitres et 650 mesures, c'est ce que contient le programme de la NUPES, co-construit en une quinzaine de jours et divisé en plusieurs grandes thématiques parmi lesquelles le "progrès social, les emplois et la retraite", "l'écologie, la biodiversité, le climat", ou encore "la 6ème République et la démocratie".
"Nous sommes partis avec une ambition très forte" a déclaré Jean-Luc Mélenchon en préambule de la conférence de presse, "faire mieux que quelques mesures qui auraient réduit notre union à un caractère de pur cartel électoral, mais sans avoir pour objectif une sorte de fusion de tous nos programmes, parce que nous savions que ce n’était pas possible".
Un ensemble de mesures qui s'inscrivent dans une "démarche de reparlementarisation de la vie politique française", là ou Jean-Luc Mélenchon dénonce un contexte de présidentialisation extrême, voire inédit, visant tout particulièrement le Conseil de défense utilisé par le président de la République dans le contexte de la crise sanitaire, selon lui caractéristique d'une "secousse particulièrement violente du présidentialisme en France".
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, évoque une "discussion qui s’est faite de manière très fluide". Parmi les mesures consensuelles, sa camarade de parti Corinne Narassiguin cite le fait de "rétablir un impôt de solidarité sur la fortune incluant un volet climatique", "rendre l’impôt sur le revenu plus juste et progressif avec 14 tranches plutôt que 5", "instaurer un héritage maximum à 12 millions d’euros pour financer l’autonomie des jeunes", ou encore "supprimer la flat tax". Clémence Guetté (LFI), évoque quant à elle le relèvement du SMIC à 1500 euros, le blocage des prix des produits de première nécessité, l'organisation d'une conférence sociale sur la répartition du temps de travail, et la retraite à 60 ans. Des mesures particulièrement plébiscitées par Ian Brossat, représentant du Parti communiste en l'absence de Fabien Roussel, présent aux côtés des salariés de Vallourec.
Sur le plan environnemental, la NUPES s'est accordée sur "l’objectif extrêmement ambitieux de réduction de 65% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030", met en avant Julien Bayou, le Secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts. Pas de trace, en revanche, du nucléaire dans le programme. Les "nuances", qui seraient au nombre de 33 sur les 650 mesures présentées, semblent assumées, et la discussion encore ouverte. En cas de divergences persistantes, "le dernier mot reviendra à l’Assemblée nationale", indique Jean-Luc Mélenchon, toujours sur sa ligne de "reparlementarisation" du pays, et précise que sur la question énergétique, les différentes composantes de la coalition se sont toutes accordées sur la montée en puissance des énergies renouvelables. "Sur ce point, je vous garantis une unité sans faille de notre gouvernement", déclare-t-il aussi.
À propos de la question européenne, Jean-Luc Mélenchon indique qu'"il a été assez facile de s’accorder, puisqu’on ne demandait à personne d’imposer à tous les autres sa propre vision de ce que serait la pratique internationaliste en Europe". Corinne Narassiguin résume l'accord en ces termes : "Réorienter les règles européennes (…) en étant prêts à ne pas respecter des règles – désobéir pour les uns, déroger transitoirement pour les autres -, quand elles sont en contradiction avec l’application de notre programme légitimé par le peuple." La Secrétaire nationale du PS tient à préciser "que la France étant un pays fondateur de l’Union européenne, elle ne peut pas avoir pour politique la sortie de l’Union, ou sa désagrégation, ni la fin de la monnaie unique".
L'Ukraine est également évoquée par Corinne Narassiguin, ainsi que la nécessité de défendre sa "souveraineté" et sa "liberté", ainsi que du peuple ukrainien, "face aux crimes de guerre de Vladimir Poutine".
Je vois bien que le point de vue qui est le mien n’est pas partagé aujourd’hui. Et je m’en voudrais de faire un coup de force pour dire ‘on sort de l’OTAN tout de suite maintenant’, parce que ça empêcherait l’union de se faire. Jean-Luc Mélenchon
Sur la question plus délicate de l'adhésion à l'OTAN, Jean-Luc Mélenchon reconnaît que sa position de défiance envers l'Alliance atlantique, est loin de faire consensus dans le contexte actuel. "Je vois bien que le point de vue qui est le mien n’est pas partagé aujourd’hui. Et je m’en voudrais de faire un coup de force pour dire ‘on sort de l’OTAN tout de suite maintenant’, parce que ça empêcherait l’union de se faire", déclare-t-il aussi. Si le programme indique la nécessité de "réaffirmer que l’ONU est le seul organe légitime pour la sécurité collective à l’échelle mondiale", le chef de file de la NUPES rappelle que la question de l'adhésion à l'OTAN est une prérogative du Président, et donc, pour ce qui est d'un programme pensé au sein d'une cohabitation, d'une "question nulle et non avenue".
Julien Bayou est, par ailleurs, revenu sur la circulaire du ministère de l’Intérieur, qui demande aux préfets d'attribuer une "nuance politique" aux candidats aux élections législatives. Si les candidats de la majorité présidentielle pourront être comptabilisés dans les résultats sous la bannière "Ensemble !", la NUPES n’est pas reconnue en tant que telle, et la gauche devrait apparaître sous les étiquettes LFI, EELV, PS ou PCF. Une "manœuvre qui peut altérer la sincérité du scrutin", selon le Secrétaire national des Verts. À ce sujet, le député européen Manuel Bompard (LFI) a indiqué qu'un recours "en commun" sera déposé devant le Conseil d’État.