Dominique Simonnot a été auditionnée par le Parlement, ce mardi 13 octobre, dans le cadre de sa nomination à la fonction de Contrôleure générale des lieux de privation de liberté. Comme la procédure le prescrit, les commissions des lois du Sénat et de l’Assemblée nationale ont dû se prononcer sur cette proposition d'Emmanuel Macron, et ont donné leur feu vert par deux votes favorables. Dominique Simonnot succède ainsi à la magistrate Adeline Hazan.
Annoncée le 5 octobre, la nomination de Dominique Simonnot par le président de la République a été très commentée, tant son profil n’apparaît pas « conventionnel » au regard de ceux de ses prédécesseurs. La journaliste Dominique Simonnot connaît pourtant bien l’univers de la prison, pour y avoir débuté sa vie professionnelle en tant qu’éducatrice. Journaliste depuis 1991, d’abord auprès du quotidien Libération puis du Canard enchaîné, elle n’a eu de cesse de fréquenter les tribunaux, en tant qu’habituée des chroniques judiciaires. Dans la nouvelle fonction qu’elle s’apprête à embrasser, elle devra contrôler, en s’y rendant régulièrement, les centres pénitentiaires mais aussi les centres de rétention administrative, les locaux de garde à vue, les centres éducatifs fermés et même les établissements psychiatriques.
Dominique Simonnot a amorcé son propos devant les parlementaires par une confession relative à sa nomination : "la première surprise, ça a été moi", avant de revenir sur son parcours, qui l’a toujours amenée à fréquenter le "peuple de l’ombre". Elle s’est par ailleurs à plusieurs reprises inscrite dans les pas de sa prédécesseure, Adeline Hazan, et a formulé plusieurs propositions, notamment "que tous les magistrats soient informés de l’état des prisons en temps réel (…) et décident de s’emparer enfin de toutes les alternatives à l’incarcération qui existent, et qui je le rappelle, sont des peines".
Sur la méthode, Dominique Simonnot n’a pas hésité à déclarer : "je compte employer à plein le devoir et le droit d’alerte du Contrôle général. Quand je dis « contraindre », cela veut dire en appeler à l’opinion publique, à mes collègues journalistes, et à vous, le Parlement". Elle a également déclaré vouloir être très vigilante vis-à-vis des décisions de police et en particulier des prolongations de gardes à vue.
Aux députés qui ont pu mettre en doute son impartialité, Dominique Simonnot a répliqué : "j’ai cru comprendre que vous voyiez en moi une sorte de militante. Je n’ai jamais milité nulle part, et l’impartialité et l’indépendance, je les ai apprises dans mon métier de journaliste (…) Engagée ne veut pas dire militante".
Sur les 26 suffrages exprimés, les députés de la commission des lois se sont prononcés à 15 voix (contre 11) pour la nomination de la désormais ex-journaliste. Le mandat de Contrôleur général des lieux de privation de liberté dure six ans et l’un des chantiers prioritaires de Dominique Simonnot sera l'amélioration de la dignité des conditions de vie des détenus, alors que la France a été condamnée à dix-sept reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme et cela encore récemment, en janvier dernier. Dominique Simonnot l’a rappelé, le Conseil constitutionnel vient de donner cinq mois au Parlement pour légiférer en la matière. "Les équipes du Contrôleur général seront à vos côtés", a-t-elle assuré.