Une proposition de résolution relative à "la reconnaissance et la condamnation du massacre des Algériens du 17 octobre 1961", portée par Sabrina Sebaihi (Ecologiste), est examiné ce jeudi matin, 28 mars, à l'Assemblée nationale. Surtout signé par des élus des groupes de gauche, le texte qui a fait l'objet d'un travail préparatoire qui doit permettre son adoption, est aussi signé par le président des députés Renaissance, Sylvain Maillard.
C'est un épisode tragique de la guerre d'Algérie, longtemps resté dans l'ombre. Le 17 octobre 1961, une manifestation d'Algériens organisée dans la capitale pour protester contre le couvre-feu appliqué aux seuls "Français musulmans d’Algérie" est réprimée dans le sang, sous les ordres du préfet de police de Paris Maurice Papon.
La brutalité de la répression est reconnue : des victimes sont tuées et jetées dans la Seine ; des blessés sont transférés dans des centres de tri. Le bilan total de victimes, lui, est inconnu. "A rebours des estimations récentes d’historiens affirmant un nombre de victimes se comptant en centaines, l’ampleur de la répression a été occultée en se limitant au bilan officiel de deux puis trois morts", indique l'exposé des motifs du texte.
Plus de 60 ans après les faits, une proposition de résolution vise à "la reconnaissance et à la condamnation de ce massacre du 17 octobre 1961". Portée par la députée du Sabrina Sebaihi (Ecologiste) ce texte "condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens" commise ce jour-là et "souhaite l’inscription d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à l’agenda des journées nationales et cérémonies officielles".
"Aucune procédure contre les policiers concernés n’a jamais été initiée. Cette absence continue de nourrir un sentiment d’injustice, entravant le travail de mémoire et de réconciliation", juge l'auteure de la proposition de résolution Sabrina Sebaihi. Selon elle, une adoption du texte permettrait de poursuivre le travail de reconnaissance initié par François Hollande, puis Emmanuel Macron.
Essentiellement signé par des élus des quatre groupes de gauche de l'Assemblée nationale (Écologiste, La France insoumise, Socialistes, Gauche démocrate et républicaine) le texte, qui a été travaillé en amont de son examen dans l'hémicycle de façon à permettre son adoption, est aussi signé par quelques députés du parti présidentiel et par le président du groupe Renaissance, Sylvain Maillard.
Cette initiative s’inscrit ainsi dans la démarche de réconciliation mémorielle impulsée par Emmanuel Macron en 2021, dans la foulée de la publication du rapport de l’historien Benjamin Stora. En août 2023, Emmanuel Macron et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, se sont entendus sur un travail mémoriel conjoint, mené par une commission mixte comprenant des historiens indépendants des deux pays.
Le débat dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, ce jeudi matin 28 mars, révèlera l'état actuel de la réflexion des différents groupes politiques sur la mémoire de la guerre d'Algérie qui était à l'époque, pudiquement, qualifiée d"événements d’Algérie".