Lors d'une conférence de presse à Metz, jeudi 19 octobre, le député Belkhir Belhaddad (Renaissance) est revenu sur les invectives prononcées à son encontre par le député Laurent Jacobelli (Rassemblement national), lors d'un échange tendu, en marge d'un déplacement d'Olivier Véran, vendredi 13 octobre. Il a confirmé avoir déposé plainte et précisé qu'il l'avait fait aux motifs d'"injures" et de "diffamation".
Sa "colère" n'est pas retombée. Près d'une semaine après avoir été pris à partie par le Laurent Jacobelli (Rassemblement national) en marge d'un déplacement du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à Hayange (Moselle), Belkhir Belhaddad (Renaissance) est revenu sur cet épisode "inexcusable", lors d'une conférence de presse à Metz, jeudi 19 octobre, en compagnie de son avocat, Xavier Iochum,
Pour rappel, le ton était monté entre les deux députés de Moselle au cours d'un échange capté par Le Républicain lorrain. Sur la vidéo, on entend l'élu Rassemblement national dire à son collègue Renaissance : "Reste poli d'accord. Je vais venir foutre le bordel chez toi". Puis plus tard : "Elle va bien Madame Leduc ? Vous partagez des fleurs avec elle. Il va bien le Hamas ?", en référence à la députée Charlotte Leduc (LFI), à laquelle le RN reproche d'avoir fait preuve de complaisance à l'égard du Hamas après les attaques en Israël.
Joue pas ta racaille. Laurent Jacobelli, député RN, à son collègue Renaissance Belkhir Belhaddad
"Surtout ne me menace pas", lui répond Belkhir Belhaddad. "Tu me parles autrement je te le dis tout de suite. Racaille. [...] Joue pas ta racaille", lui rétorque du tac-au-tac Laurent Jacobelli. "Tu insultes tous les habitants de ma circonscription", s'indigne alors l'élu de la majorité. "La France insoumise n'est pas la République", ajoute ce dernier en faisant allusion à une cérémonie à laquelle ont participé Belkhir Belhaddad et Charlotte Leduc en tant que députés.
"Jamais je n'aurais pu imaginer qu'un élu de la Nation puisse avoir de tels propos à l'égard d'un de ses collègues", a déclaré Belkhir Belhaddad au micro de LCP, à la veille de sa conférence de presse de jeudi. Dénonçant un "acte extrêmement grave" et des propos "haineux et racistes", il a confirmé avoir déposé plainte auprès du procureur de Thionville (Moselle), pour "injures" et "diffamation" envers un élu. "Me traiter de racaille et faire allusion de manière scandaleuse au Hamas alors que mon combat, pendant 20 ou 25 ans, a été la lutte contre le terrorisme, est purement scandaleux", s'est-il ému.
"Tout le monde s'est rendu compte de ce qu'est le Rassemblement national, le Front national. (...) Le vernis a craqué, c'était filmé, on voit la réalité", a commenté le président des députés Renaissance, Sylvain Maillard, devant l'Association des journalistes parlementaire, mercredi 18 octobre, en réaffirmant son "plein soutien" au député de son groupe.
Les faits s'étant déroulés hors de l'enceinte de l'Assemblée nationale, aucune procédure de ne peut être lancée sur la base du Règlement intérieur de l'institution à l'encontre de Laurent Jacobelli. "Je vais demander un changement du Règlement", a confié Belkhir Belhaddad. Pour l'heure, Sylvain Maillard a indiqué que l'institution s'était portée partie civile "pour accompagner" la plainte de l'élu Renaissance.
"La dignité de Belkhir Belhaddad face à ce comportement abject fait honneur à l’écharpe tricolore qu’il porte. Je lui adresse amitié et soutien, en mon nom et en celui de notre Assemblée et des valeurs républicaines que nous devons défendre", avait réagi dès vendredi dernier la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), sur le réseau social X (ex-Twitter).
En outre, la secrétaire d'État chargé de la Citoyenneté, Sabrina Agresti-Roubache, a annoncé avoir saisi le procureur de la République de Thionville sur la base de l'article 40 du code de procédure pénale, jugeant sur X que de tels propos semblaient "constituer un délit de provocation publique à la haine raciale". Les propos de Laurent Jacobelli laissent sous-entendre que "toute personne qui serait originaire d'Afrique du Nord pourrait par définition donner des nouvelles du Hamas à un député du RN", a estimé maître Xavier Iochum ce jeudi.
"Il n'y avait aucun sous entendu dans mes propos comme semblent vouloir le faire croire certains", a quant à lui démenti Laurent Jacobelli sur X, le jour même de l'altercation. Avant de reprocher à Belkhir Belhaddad de multiplier "les attaques, voire les insultes envers les élus et électeurs du RN". "Son comportement lors de la visite du ministre à Hayange à été d'ailleurs tout à fait inadaptée", a-t-il assuré, tout en reconnaissant une réaction "maladroite" de sa part.
Interviewé sur France Inter, lundi 16 octobre, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, n'a quant à lui voulu voir dans cette affaire qu'une "bisbille picrocholine" entre deux députés qui se sont disputés à propos de "sujets purement locaux". Et de tenter de renvoyer le débat de l'autre côté de l'échiquier politique en disant avoir "l'impression que La France insoumise est plus dure avec le mot 'racaille' qu'avec les agissements terroristes du Hamas".