À 37 ans, le député La République en Marche de la Haute-Vienne fait son entrée au gouvernement. Cet ancien pilote de ligne est devenu en deux ans un spécialiste reconnu des transports, dont il aura la charge au sein du ministère de la Transition écologique, sous l'autorité d'Elisabeth Borne.
Tête d'affiche de la Macronie à l'Assemblée nationale, Jean-Baptiste Djebbari est devenu ce mardi, avec Jean-Paul Delevoye, un des nouveaux visages du gouvernement. Il a été nommé secrétaire d'État aux Transports et vient renforcer le ministère d'Elisabeth Borne, qui a succédé à François de Rugy cet été à la Transition écologique.
En seulement deux ans, l’ascension du député a été aussi méthodique que fulgurante. Élu en Haute-Vienne dans une circonscription de gauche, ce petit-fils d'une militante PS pousse les portes de la politique en 2017 à 35 ans, vierge de tout mandat. Le marcheur fut le premier surpris d'avoir décroché, quelques mois plus tôt, l'investiture du parti présidentiel.
Le parcours de ce pilote de ligne et ingénieur aéronautique réunissait en tout cas tous les ingrédients pour percer dans le nouveau paysage politique : major de sa promotion à l’Ecole nationale de l’aviation civile à Toulouse, début de carrière à la direction générale de l'Aviation civile puis passage chez Astonjet comme pilote de jets privés. Il a aussi goût pour l'entreprise puisqu'il est resté directeur général d'un cabinet d'expertise judiciaire aéronautique après son élection.
Le 12 juillet 2017, il trébuche lors de sa première intervention dans l'hémicycle à l'occasion d'une question adressée à Nicolas Hulot. "Comptez-sur moi pour progresser", tweete-il aussitôt. De fait, le député prend rapidement du galon : il devient d'abord le référent ("whip") du groupe majoritaire au sein de la commission Développement durable de l'Assemblée puis l'un des porte-paroles les plus médiatiques des députés La République en Marche au Palais-Bourbon.
Surtout, l'an dernier, il endosse le costume de rapporteur lors du périlleux examen de la réforme ferroviaire. Un texte qui, bien que marqué par un long mouvement de grève des cheminots, a été adopté sans retard à l'allumage par le Parlement. Un travail remarqué sur un dossier jugé très technique.
Comme beaucoup de ses collègues, l'élu joue aussi le jeu du grand débat en début d'année, quitte à se faire chahuter. En pleine réunion publique, quelques Gilets Jaunes le sifflent et le recouvrent de confettis. Devant la caméra de LCP, l'ancien commandant de bord tire le bilan de son baptême du feu : "C'est pas très grave ! C'est un exercice compliqué mais qui permet aussi de se forger encore plus ses convictions. J'aime encore plus ma fonction maintenant qu'il y a quelques mois", affirme-t-il sans ciller.
Une fonction de député grâce à laquelle ce représentant d'une "génération politique spontanée" espère accomplir des réformes utiles :
"J'aimerais pouvoir raconter à mes enfants que, pendant cinq ans, on a fait des trucs importants, qui sont restés. Qu'on a été une génération politique spontanée, un peu bizarre, mais qui a fait des choses. J'aimerais que ça reste."Jean-Baptiste Djebbari, sur LCP
Nommé au gouvernement, Jean-Baptiste Djebbari voit aussi sa fidélité récompensée. Sur tous les textes sensibles du quinquennat (asile-immigration, loi anti-casseurs), comme sur le glyphosate, il a toujours soutenu par ses votes la ligne de l'exécutif.
Un soutien sans faille qu'il cultive aussi dans les instances de LaREM, où il est en charge de la stratégie de financement. Il devrait retrouver ses anciens collègues très rapidement pour la nouvelle lecture du projet de loi d'orientation des mobilités à l'Assemblée, mais cette fois depuis le banc des ministres.