Les députés de La France insoumise dénoncent le grand nombre d'amendements déposés par d'autres groupes sur les textes qu'ils ont inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, jeudi 24 novembre, à l'occasion de leur journée d'initiative parlementaire.
Mathilde Panot "déplore l'obstruction antidémocratique qui est faite sur l'unique journée" dont dispose La France insoumise pour "choisir l'ordre du jour de l'Assemblée nationale". Mardi 22 novembre, lors de leur conférence de presse hebdomadaire, les députés Insoumis ont mis en cause le grand nombre d'amendements déposés par d'autres groupes sur les textes de leur niche parlementaire.
Le groupe LFI a inscrit douze textes au programme de l'hémicycle pour sa journée d'initiative parlementaire : parmi eux figurent une proposition de résolution visant à créer une commission d'enquête sur les Uber Files, une proposition de loi visant à augmenter le SMIC, une autre "visant à protéger et à garantir le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception" et un texte dont le but est d'abolir la corrida. Comme toujours dans le cadre d'une niche parlementaire, les députés de La France insoumise n'auront qu'une journée de 9h à minuit pour défendre leurs propositions.
Compte tenu de cette contrainte de temps, tous les textes ne pourront pas être débattus en séance. Et l'incertitude plane même sur la possibilité d'examiner tout ou partie du texte sur la corrida, inscrit en quatrième position dans l'ordre du jour. La présidente des députés LFI, Mathilde Panot, accuse les autres groupes parlementaires d'avoir sciemment déposé un grand nombre d'amendements afin de ralentir les débats. "Sur cette unique journée, nous nous retrouvons avec 26 amendements sur Uber Files, 112 amendements sur le Smic, 230 amendements sur l'IVG, 560 amendements sur la corrida", a-t-elle déploré.
Selon elle, l'objectif est "d'empêcher tout débat sur des questions majeures". Ainsi, sur la corrida, "la grande majorité des amendements émane de l'extrême droite", a expliqué Anne Stambach-Terrenoir (LFI). Sur l'IVG, texte qui a été voté avec l'appui des députés Renaissance en commission, "le groupe qui a déposé le plus d'amendements est celui des Républicains, qui a déposé 120 amendements sur 330", a de son côté expliqué Mathilde Panot. "Les Républicains ne doivent pas aider le groupe Renaissance à empêcher les groupes parlementaires de se faire entendre", a ajouté Alexis Corbière. A ce stade, La France insoumise n'a pas souhaité dire des textes pourraient être retirés de l'ordre du jour pour donner la priorité à certaines propositions.
La prise de parole des Insoumis a provoqué un commentaire acerbe de la part de la porte-parole de Renaissance, Prisca Thévenot : "L'hôpital, la charité. Bref, merci pour ce moment de fou rire", a écrit la députée sur Twitter. Une façon de rappeler que La France insoumise sait aussi utiliser la procédure parlementaire pour tenter de contrer les projets du gouvernement. Sous la législature précédente, le groupe LFI, alors composé de 17 députés, avait par exemple déposé près de 19.000 amendements sur le projet de réforme des retraites.
Répondant aux questions des journalistes, Mathilde Panot a écarté cet épisode, le trouvant peu pertinent : "La question n'est pas l'ordre du jour classique de l'Assemblée (...) Si nous commençons comme cela, cela veut dire que dans toutes les niches, il y aura de l'obstruction parlementaire."