Le syndicat professionnel majoritaire des professions agricoles était auditionné, jeudi, par la mission d'information parlementaire "sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate". Un herbicide dont la suppression totale, en trois ans, mettrait en péril des filières agricoles.
Un retour à la raison de l'exécutif ou une démission devant les lobbys, comme l'assurent certains membres de l'opposition ? L'annonce récente du président de la République Emmanuel Macron d'une interdiction du glyphosate pour "85% des usages", et non plus 100%, a douché les attentes d'associations environnementales réclamant l'interdiction au plus vite, et partout, du fameux herbicide de la marque Monsanto. Un revirement lié sans doute aux arguments de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), auditionnée jeudi matin par les députés.
Le syndicat professionnel majoritaire des professions agricoles juge qu'une interdiction totale, et en si peu de temps, du glyphosate mettrait en péril des filières entières chez les agriculteurs. "Je ne vois pas comment à l'échelle de trois ans on pourra se passer de certains usages, juge Christian Durlin vice-président de la commission environnement de la FNSEA. La profession doit faire un pas et le pouvoir politique doit faire un pas..." En cause, des productions qui ne disposeraient pas d'alternatives crédibles, techniquement et économiquement, à l'utilisation de glyphosate.
"L'INRA a rappelé que les techniques alternatives étaient souvent plus complexes et plus coûteuses. (...) Beaucoup des méthodes alternatives sont déconnectées des coûts de production actuels" Vice-président de la commission environnement à la FNSEA
Face aux "risques importants" de "pertes de marchés" et "pertes de filières" agités par la FNSEA, le syndicat prône devant les députés, plutôt qu'une sortie radicale, une diminution des plafonds d'utilisation de produits phytosanitaires par hectare pour les agriculteurs : "La piste la plus facile à activer aujourd'hui c'est d'optimiser l'utilisation du glyphosate."
Un discours des petits pas qui a provoqué l'indignation du député MoDem Nicolas Turquois, lui-même agriculteur, utilisateur de glyphosate et sympathisant de la FNSEA : "Si on veut avancer il faut qu'on soit crédibles ! (...) Au final ce qu'on va avoir c'est un discours de sourd où on est pas crédibles et donc une interdiction pure et nette ! (...) Il faut arrêter de faire du syndical !"
Avec ses dernières déclarations, Emmanuel Macron semble donc avoir tendu la main aux agriculteurs en reconnaissant des impasses techniques au 100% sans glyphosate, notamment pour les productions de fruits et légumes de plein champ ou les vignobles en pente. Une sortie globale, mais pas totale, du glyphosate qui reste encore difficile à adopter par les principaux intéressés.