L'Assemblée nationale a décidé, mercredi 6 mars, d'adresser un signalement à la justice pour un "faux témoignage" potentiel de l'ex-journaliste de BFMTV Rachid M'Barki, qui avait contesté, devant les députés de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les ingérences étrangères, avoir reçu de l'argent pour des brèves litigieuses diffusées à l'antenne.
L'Assemblée nationale a décidé, mercredi 6 mars, d'adresser un signalement à la justice pour un "faux témoignage" potentiel de l'ex-journaliste de BFMTV Rachid M'Barki, qui avait contesté devant les députés avoir reçu de l'argent pour des brèves litigieuses diffusées à l'antenne.
Le 22 mars 2023, lors de son audition devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les ingérences étrangères, l'ancien présentateur de la chaîne avait assuré n'avoir jamais été rémunéré par le lobbyiste Jean-Pierre Duthion pour des brèves controversées sur des pays étrangers en 2021 et 2022. Ce dernier avait, lui aussi, affirmé n'avoir "jamais payé, ni M. M'Barki, ni aucun autre" journaliste.
Face aux députés, Rachid M'Barki s'était dit victime d'un "lynchage médiatique". Mais le lendemain, auditionné à son tour, le directeur général de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, avait justifié le licenciement du journaliste indiquant que celui-ci avait "sciemment contourné le process de validation".
Depuis, Jean-Pierre Duthion, mis en examen à Paris dans l'enquête portant sur des soupçons d'ingérence étrangère dans la politique et l'actualité françaises, a reconnu avoir rémunéré l'ex-journaliste de BFMTV. Mis en examen également, Rachid M'Barki avait lui-même avoué avoir perçu cet argent, lors de sa garde à vue en décembre dernier, avait révélé Le Parisien. "Il m'est arrivé de recevoir des sommes d'argent (...) Oui, je reconnais les faits de corruption passive", avait-il déclaré. Une somme qu'il évalue entre "six et huit mille euros" en liquide.
Selon des sources parlementaires, le Bureau de l'Assemblée, la plus haute instance de l'institution, a décidé de saisir la justice pour de "forts soupçons" de "faux témoignage" devant la commission d'enquête. Il avait été saisi par la rapporteure de la commission d'enquête, Constance Le Grip (Renaissance). Le président de la commission Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national) avait déjà annoncé un signalement réalisé de son côté.
L'enquête judiciaire avait débuté après une plainte de BFMTV et une enquête internationale mi-février 2023 du collectif de journalistes Forbidden Stories. Elle pointait les activités d'une société israélienne, surnommée Team Jorge, spécialisée dans la désinformation au profit de différents clients, dont des Etats.
Dans le cas de Rachid M'Barki sur BFMTV, elle pointait des brèves relatives à des oligarques russes, au Qatar, Soudan, Cameroun, ou encore au Sahara occidental.
Outre Jean-Pierre Duthion et Rachid M'Barki, l'information judiciaire s'intéresse a minima à deux autres hommes: le politologue spécialiste du Qatar Nabil Ennasri, mis en examen et placé en détention provisoire en octobre, ainsi que le député Hubert Julien-Laferrière, dont le bureau a été perquisitionné fin septembre et qui a annoncé quitter le groupe Ecologiste pour siéger parmi les non-inscrits le 15 février.
(Par LCP.fr avec AFP)