Du 18 au 24 novembre, l'UE va célébrer la semaine pour l’emploi des personnes handicapées. Mais les politiques européennes sont-elles vraiment à la hauteur de ce rendez-vous ? 27% de la population du vieux continent présente un handicap, avec des inégalités encore très fortes : trois personnes valides sur quatre ont ainsi un emploi contre à peine la moitié des personnes handicapées. Plus touchées par la précarité, faisant face à des difficultés de mobilité, une sur deux s’estime victime de discrimination. Décryptage dans Ici l'Europe, avec les eurodéputés Marc Angel (S&D) et Katrin Langensiepen (Les Verts/ALE).
"Nous sommes 100 millions, respectez-nous !" : le cri du coeur de Katrin Langensiepen à l'orée de la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées dit "le combat" qui reste à mener. Élue pour la première fois en juin dernier, l'eurodéputée allemande (Les Verts/ALE) regrette d'être la "seule femme handicapée" au Parlement européen. "Où sont les autres ?" s'interroge-t-elle. "Nous ne sommes pas là, nous ne sommes pas visibles, c’est encore un grand problème".
Face à elle, le Luxembourgois Marc Angel (S&D), déjà élu sous la précédente mandature, tempère et tempête à la fois. "On a progressé les 5 dernières années, souligne-t-il, on a réussi à approfondir l'union de l'égalité car on avait une commissaire dédiée [la Maltaise Helena Dalli, NDLR]. Mais l'embellie aura été de courte durée : la nouvelle Commission a choisi de fondre ce portefeuille avec celui de la "préparation et de la gestion de crise", dossiers qui seront confiés à la belge Hadja Lahbib... "C’est la faute de Mme von der Leyen, qui a distribué les portefeuilles. Le Parlement était très clair dans ses revendications, on avait dit "on veut de nouveau un commissaire à l’égalité". Mais ce n’est malheureusement pas le cas", regrette Marc Angel. "C’est un signe (...) que l’égalité n’est pas vraiment un sujet pour la Commission", confirme Katrin Langensiepen.
L'eurodéputée allemande, qui a réalisé un tour d'Europe des bonnes et des mauvaises pratiques en matière de handicap, estime pourtant que beaucoup reste à faire. Si quelques pays sont en avance sur certains aspects, la disparité reste la norme.
"L’Espagne est un pays qui a fait de l’espace pour les personnes handicapées sur le marché de l’emploi", souligne Katrin Langensiepen. "L’Allemagne c’est le grand contraire". Les pays du Nord se distinguent eux sur l'éducation. "Mais il y a des pays comme la Hongrie et la Pologne où c’est encore un grand combat, notamment pour les femmes handicapées", conclue-t-elle.
Des disparités difficiles à réduire, explique Marc Angel. "On ne peut pas légiférer sur tout parce que les Traités ne nous donnent pas les compétences. Mais on peut inciter les pays à aller plus loin et échanger les bonnes pratiques".
Début octobre, le Conseil a cependant adopté deux nouvelles directives : pour la carte européenne du handicap et pour la carte de stationnement européenne. Deux documents qui permettront aux personnes handicapées d’avoir les mêmes droits dans tous les pays de l’Union.
"Une avancée", selon Marc Angel. "Il y [aura] moins de démarches administratives, cela va faciliter la mobilité". Pour autant, l'eurodéputé estime que "ce n’est qu’un début. C’est une carte qu’il faudra développer. Il ne suffit pas d’avoir des réductions ou des assistances dans les transports, il faut aller vers une définition européenne du handicap".
Une harmonisation aussi appelée de ses vœux par Katrin Langensiepen : "On n’a pas la même description du handicap dans les différents pays". Un statut des personnes handicapées qui relève cependant des législations nationales et non du Parlement européen, reconnaît la députée. De Bruxelles aux 27 pays de l'Union, le constat reste le même : "de grands obstacles" doivent encore être surmontés pour parvenir à l'égalité.