Selon un rapport parlementaire, les violences et dégradations qui ont eu lieu en marge de ce mouvement social ont coûté 0,1 point de croissance au 4e trimestre 2018 tandis qu'il faudra débourser 70 millions d'euros pour réparer les radars endommagés. La France insoumise dénonce une "logique comptable trop étriquée".
Les "blocages, violences et dégradations" commis en marge du mouvement des gilets jaunes ont coûté 0,1 point de croissance lors du quatrième trimestre de l'année 2018.
C'est la conclusion de la mission d'information parlementaire chargée depuis le 9 mai d'évaluer l'impact des manifestations des gilets jaunes sur l'économie française. "Le coût de ces mois de blocage est significatif", a ainsi affirmé mercredi matin le co-rapporteur La République en marche de la mission Roland Lescure.
"Les assureurs ont indemnisé à ce stade 217 millions d'euros de préjudices essentiellement pour des vols, des incendies, des dégradations et des pillages", a insisté le député. Selon lui, les chiffres ne sont pas définitifs puisque "de nombreuses [autres] répercussions sont attendues dans les prochains mois.
Selon le rapport de la mission, certains commerces de centre-ville ont perdu 20 à 30% de leur chiffre d'affaires, tandis que les centres commerciaux auraient perdu 2 milliards d'euros.
Le mouvement des gilets jaunes a également eu, selon Roland Lescure, un coût budgétaire. "La hausse de l'activité des forces de l'ordre pour répondre à la crise représente à elle seule 46 millions d'euros", a affirmé l'élu.
La remise en état des 2.410 radars détruits et des 577 qui ont été "abîmés" coûtera "plus de 70 millions d'euros". Pour la seule métropole de Toulouse, le coût était évalué début mai 2019 à 7,5 millions d'euros, soit "10 euros par contribuable".
Roland Lescure a également pointé des conséquences "sociales et psychologiques" : "Des employés nous ont dit encore venir au travail la peur au ventre le samedi."
La méthodologie de la mission d'information, qui s'est focalisée sur le "coût" du mouvement des gilets jaunes, a été contestée par quelques députés d'opposition de gauche. Si le député socialiste Jean-Louis Bricout a reconnu que le travail effectué permet de "mieux appréhender les dégâts", l'élu s'est interrogé sur ses "fins" :
Avez-vous quelques regrets sur les décisions prises par le gouvernement, à l'origine des déséquilibres fiscaux, sociaux, territoriaux qui ont provoqué le mouvement et donc ses conséquences ?Jean-Louis Bricout
Jugée "à charge", la mission d'information avait été boycottée à sa création par le communiste Sébastien Jumel et par l'élu LFI François Ruffin. C'est donc la collègue de ce dernier, Sabine Rubin, qui a pris la parole pour la France insoumise.
La députée a dénoncé une "logique comptable trop étriquée" et évoqué les "bénéfices" du mouvement des gilets jaunes pour la société, comme la "prise de conscience des inégalités" ou les "limites de la Ve République en termes de démocratie".
Dénonçant les "méthodes de maintien de l'ordre de Monsieur Castaner", Sabine Rubin a par ailleurs évoqué "le chiffre de +0,3 point de PIB au premier semestre 2019". Par ailleurs, l'élue La France insoumise a demandé à ce que soient pris en compte les bénéfices sur l'économie française des "17 milliards d'euros" accordés par l'exécutif pour apaiser la crise.
"Poussant le cynisme jusqu'au bout", la députée a demandé s'il n'y avait pas un "bénéfice" pour certains secteurs d'activités, comme celui de la réparation des radars endommagés.
"Payer sur des assurances la reconstruction d'une vitrine, ça n'a aucune valeur économique", lui a répondu Roland Lescure, ajoutant par ailleurs que les 17 milliards d'euros accordés par l'exécutif vont devoir "être financés". Une manière de rappeler que le mouvement des gilets jaunes aura bien un impact sur le budget de l'année 2020, qui sera discuté à l'automne.