Le gouvernement a détaillé et défendu sa stratégie pour ramener le déficit à 3% du PIB à l'horizon 2027, lors du débat d’orientation et de programmation des finances publiques qui a eu lieu, ce lundi 29 avril, à l'Assemblée nationale. Une séance ponctuée par les demandes réitérées du groupe Socialistes d'obtenir le programme national de réforme 2024, document annexé au Pacte de stabilité et de croissance européen, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2025.
"Les députés que nous sommes ont le droit d'avoir connaissance du pacte national de réforme". Cette exigence répétée du groupe Socialistes a d'abord été portée par Valérie Rabault lors d'un rappel au règlement ayant interrompu le débat d’orientation et de programmation des finances publiques qui a eu lieu, ce lundi 29 avril, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. "Quelles sont les réformes associées à la trajectoire budgétaire du gouvernement ?", a ensuite renchéri Philippe Brun, avant que le président du groupe, Boris Vallaud, ne formule la même demande, évoquant un document "qui sous-tend le programme de stabilité".
Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, n'a pas tardé à accéder à la demande des députés Socialistes, en transmettant le document à la représentation nationale, et indiquant qu'elle n'y trouverait "aucune chose singulière" par rapport à ce que le gouvernement défend haut et fort. "Le programme national de réforme nous a été transmis : 25 pages, l'année dernière 237 pages. On se moque du monde !", a pourtant réagi Philippe Brun quelques minutes plus tard.
"Non, la France de 2024 n'est pas la Grèce de 2010, gardons le sens de la mesure et gardons notre sang-froid. Bruno Le Maire
"Jamais je n'ai vu autant de parlementaires soucieux de la dette publique et de l'équilibre de nos finances", avait auparavant ironisé Bruno Le Maire, évoquant "un excès d'alarmisme" ayant succédé à "un excès d'indifférence". "J'ai le sentiment que vous avez oublié que nous sommes passés par les crises les plus graves que notre pays ait connu depuis 1929 et les années 70 : la crise du Covid et la crise de l'inflation", a rappelé le ministre afin de justifier la hausse des dépenses de l’Etat au cours des quatre dernières années.
"Non, la France de 2024 n'est pas la Grèce de 2010, gardons le sens de la mesure et gardons notre sang-froid", a poursuivi le locataire de Bercy - alors que les agences de notation Moody’s et Fitch ont maintenu la note de la dette française en fin de semaine dernière - avant de brandir à la tribune un dossier rouge contenant "les 2 500 courriers, tous partis confondus, exigeant plus de dépenses publiques, dans tous les domaines".
Détaillant la stratégie de l'exécutif en matière de réduction du déficit public, Bruno Le Maire a cité "la croissance et le plein emploi", "les réformes de structure comme la réforme de l'assurance chômage ou la simplification pour toutes les PME", ainsi que "la réduction des dépenses". "Nous gardons comme boussole la cible de 3% de déficit public à horizon 2027", a réaffirmé le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, à commencer par "l'objectif de ramener le déficit de 5,5% à 5,1% en 2024".
"Votre politique (...) nous amène dans le mur", a fustigé le président de la commission des finance, Eric Coquerel (La France insoumise) à l'adresse du gouvernement, avant de dénoncer une prévision de croissance trop optimiste. "Non, il n'est pas crédible de tabler votre budget 2024 sur 1% de croissance, aucun organisme ne voit la France à plus de 0,8%", a-t-il fait valoir. Un avis partagé par Véronique Louwagie (Les Républicains), qui a épinglé des "hypothèses de croissance à nouveau surévaluées (...) très au-dessus du consensus des économistes".
Très critique également, Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national) a demandé "qu'un projet de loi de finances rectificative soit soumis au Parlement d'ici 30 jours et que la discussion budgétaire arrive à son terme sans 49.3", prevenant le gouvernement que dans le cas contraire son groupe déposera une motion de censure.
"Ce n'est pas seulement l'avenir de la planète que vous sacrifiez, mais la protection des Français contre le dérèglement climatique, qui est déjà là", a pour sa part estimé Eva Sas (Ecologiste), qualifiant l'écologie de "grande sacrifiée" de la trajectoire budgétaire présentée par le gouvernement. "Le budget 2024, même après l'effort de 10 milliards, c'est le budget le plus vert de notre histoire, on n'a jamais autant investi dans la transition écologique", lui a répondu Thomas Cazenave, évoquant "en 2024, après le décret d'annulation, 8 milliards d'euros de plus en faveur de la transition écologique".