Depuis deux jours, les députés examinent les amendements relatifs aux recettes du système de retraite. La Nupes a proposé des pistes de financement alternatives au recul de l'âge légal de départ en retraite reposant sur la fiscalité, refusées par le gouvernement et la majorité qui assument une politique de baisse d'impôts destinée à favoriser "l'attractivité" économique du pays.
Ces derniers jours, l'examen de la réforme des retraites a parfois ressemblé à une répétition générale des débats budgétaires, avec des philosophies économiques irréconciliables qui se sont affrontées dans l'hémicycle. Les députés de la Nupes, qui proposent des alternatives au report de l'âge légal de 62 à 64 ans pour financer les retraites, ont défendu de nombreux amendements jugés irréalistes par le gouvernement, et qualifiés de "festival de la taxation" par l'opposition de droite.
"Nous cherchons des alternatives à l'injustice", a revendiqué, jeudi 16 février, le président du groupe "Socialistes et apparentés", Boris Vallaud, qualifiant la mesure consistant à décaler de deux ans l'âge légal de départ à la retraite d'"impôt sur la vie". Une expression reprise en choeur depuis plusieurs jours par de nombreux représentants de la Nupes, notamment François Ruffin (La France insoumise), qui a également évoqué un "impôt sur le bonheur".
Des amendements identiques de la Nupes ont notamment proposé de doubler la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) pour financer la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). Une mesure justifiée par ses défenseurs en raison de la baisse des impôts de production, chiffrée à 18 milliards d'euros par la Nupes, opérée depuis le premier quinquennat d'Emmanuel Macron.
Autre mesure proposée par la Nupes en la personne de Sophie Taillé-Polian (Écologiste) : une contribution exceptionnelle lorsque les entreprises enregistrent un taux de licenciement pour "inaptitude" supérieur à la moyenne de la branche concernée.
Ou encore des amendements ayant pour objectif de taxer davantage les fonds de pensions, ainsi que les dividendes, le président de la commission des finances, Eric Coquerel (La France insoumise) arguant de la nécessité de "faire payer la rente du capitalisme financiarisé au lieu de faire payer tous les travailleurs sans lesquels il n'y aurait pas cette rente".
"Vous voulez que notre système de retraite dépende majoritairement d'une taxation sur les dividendes", a répondu Gabriel Attal à la proposition de la Nupes. "Nous on veut un système de retraite qui dépende du travail et des cotisations", a indiqué le ministre des Comptes publics, assumant de participer à un gouvernement qui a "baissé les impôts de production" et réaffirmant la nécessité de "restaurer la compétitivité et l'attractivité" de l'économie française.
Mais c'est du côté de la droite de l'hémicycle que les critiques visant la gauche ont été les plus cinglantes. "Cette litanie d'amendements de taxes aura au moins un mérite, c'est de nous montrer le danger économique que constitue aujourd'hui la stratégie économique de la gauche", a ainsi estimé Fabien Di Filippo (Les Républicains), quand son collègue de groupe Phillipe Gosselin a accusé la Nupes de nourrir une "haine de la réussite et des têtes qui dépassent" révélée par ce qu'il a qualifié de "festival de la taxation".
"Vous assumez sans phare votre haine du capitalisme", a abondé Lionel Royer-Perreaut (Renaissance), avant de lancer à ses collègues de la Nupes : "Karl Marx, sortez de ces corps". A ce stade de la discussion, aucun des amendements de la gauche visant à générer de nouvelles recettes à destination de la Caisse nationale d'assurance vieillesse n'a été adopté.