Malgré des amendements et des protestations de l'opposition, le ministère des Armées va devoir assumer seul le surcoût des opérations extérieures (OPEX) et intérieures (Sentinelle). Au total, 319 millions d'euros de crédits vont être annulés sur les programmes d'équipements des soldats.
L'année dernière, le surcoût de 850 millions d'euros imposée aux Armées pour ses opérations extérieures avait provoqué la démission du chef d'état-major des Armées Pierre de Villiers. En 2018, avec l'adoption de la loi de finances rectificative, l'ardoise s'élèvera cette fois à 404 millions d'euros pour les Armées, selon le rapport du député LaREM Joël Giraud. Une perspective qui irrite des députés de l'opposition, outrés que l'armée soit conduite à reporter des commandes d'équipements pour un montant de 319 millions d'euros.
En pointe dans l'hémicycle, lundi soir, lors de l'examen de la loi de finances rectificative 2018, le député Les Républicains François Cornut-Gentille dénonce l'attitude de l'exécutif : "Sur l'aspect Défense, il y a bien un problème moral et pas technique. Il y a bien un problème de sincérité tout court !" Une députée UDI, Agir et Indépendants s'étonne des choix du gouvernement. "Pourquoi ce choix ? Pourquoi revenir sur les engagements pris ? Pourquoi décidez-vous de ne pas appliquer une loi que l'on a voté il y a seulement quelques mois ?..."
Face aux députés, le gouvernement fait bloc et défend sa nouvelle organisation budgétaire. "Nous avons décidé que, dans la loi de programmation militaire, nous allons mettre étape par étape une sincérisation" du budget des Armées, explique Gérald Darmanin le ministre de l'Action et des Comptes publics.
Auparavant, en effet, les dépassements des opérations extérieures des Armées étaient financés par le "pot commun" de la réserve interministérielle. Une pratique à laquelle le gouvernement a décidé de mettre fin pour responsabiliser les ministères dans leurs dépenses. En parallèle, l'exécutif a augmenté l'enveloppe des Armées dédiée aux opérations extérieures et intérieures. Une augmentation encore insuffisante en 2018, 404 millions d'euros devront être assumés par les Armées.
(Vidéo : Clément Méric)