Les travaux de la mission d’information sur "le cadre juridique et statutaire de l’enseignement hybride ou à distance" ont abouti à la présentation de onze mesures, présentées, mercredi 19 janvier, devant les membres de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l'Assemblée nationale. Il s’agit notamment de tirer les enseignements du confinement de 2020 et de faire du numérique une pratique éducative courante.
Frédéric Reiss (Les Républicains) et Béatrice Piron (La République en marche), respectivement président et rapporteure de la mission d’information "sur le cadre juridique et statutaire de l’enseignement hybride ou à distance, dans l’enseignement scolaire et l’enseignement supérieur", ont présenté, mercredi 19 janvier, une série de préconisations devant la commission des affaires culturelles et de l’éducation.
Le numérique constitue "indéniablement une opportunité dans l’enseignement", a considéré la rapporteure des travaux, Béatrice Piron, après avoir rappelé qu'il n'avait pas vocation à se substituer aux cours en présentiel, et que "la notion de scolarité sous-entend l’accueil physique des élèves". Les conditions liées au premier confinement se sont ainsi avérées des "formes d’enseignement dégradées qui doivent rester exceptionnelles".
Vécu d'abord comme un révélateur du retard français en matière d'enseignement numérique, le premier confinement de mars 2020 a ensuite permis une relative accélération des pratiques, tout en ayant conforté l'idée selon laquelle "l'enseignement ne se télétravaille pas", aux dires des professeurs que Frédéric Reiss et Béatrice Piron ont rencontrés. "Si j’avais à résumer nos travaux, rien ne vaut le présentiel", a tenu à souligner Frédéric Reiss lors de la conférence de presse qui a succédé à la réunion de la commission. Le numérique peut en revanche se révéler être un outil de facilitation de l'enseignement, en période exceptionnelle comme dite "normale". Béatrice Piron a notamment évoqué la possibilité, pour des lycéens, de suivre un enseignement de spécialité qui ne serait pas proposé dans leur lycée.
C'est donc pour une forme d'hybridation des formes d'enseignement que le président et la rapporteure de la mission plaident. Pour cela cependant, des progrès en matière de numérique sont requis. Car si la loi de refondation de l’école de la République, adoptée en 2013, a institué le service public du numérique éducatif, "force est de constater que les choses avancent, mais bien lentement", selon Frédéric Reiss. Pendant le confinement de 2020, "les outils officiels ont été défaillants", indique-t-il, quand la communauté éducative, dont la moitié des acteurs se disait "à l'aise avec le numérique", s'est retrouvée souvent dépassée, parfois démunie.
Béatrice Piron souhaite donc "élaborer une stratégie du numérique éducatif résiliente qui permettrait de répondre aux situations de crise mais aussi d’installer définitivement le numérique dans les pratiques pédagogiques". Pour ce faire, le rapport de la mission préconise que la formation des enseignants en la matière puisse être renforcée. Il s'agirait notamment d'"instituer une obligation statutaire de formation en matière de numérique éducatif", mais aussi de jouer sur la formation continue. Autre piste avancée, le fait de valoriser le recours au numérique lors des inspections, la création d’une agrégation d’informatique, ou encore l'uniformisation sur l'ensemble du territoire des espaces numériques de travail (ENT) mis à la disposition de la communauté éducative.
Le rapport indique également la nécessité de fournir à chaque enseignant un téléphone portable professsionnel et une boîte mail spécifique, ainsi que de réaliser "un inventaire des moyens, des outils et des connexions internet des établissements". Pour les élèves de primaire en particulier, qui ne sont pas totalement autonomes, la question de l’aide aux familles peut également se poser pour pallier les inégalités en termes de formation et d’équipement numérique, l'idée étant, pour Frédéric Reiss, de "démocratiser cet outil", et ce au quotidien.
Enfin, le rapport prône un droit à la déconnexion des enseignants qui doit être mieux défini et garanti, notamment par le règlement intérieur des établissements, ainsi que la mise en place d'une "charte des bons usages", notamment en termes de protection des données personnelles.
C'est, plus globalement, la mise en place d’un véritable plan impliquant tous les acteurs de l'Etat, des collectivités territoriales, des secteurs dits high-tech, que la mission appelle de ses voeux, afin de "penser l’exception, tout en anticipant les défis qui sont devant nous".