Le président de la République qui s'est adressé aux Français lors d'une allocution télévisée, lundi 17 avril à 20h, a dit entendre la "colère" qui s'exprime dans le pays, tout en réaffirmant que la réforme des retraites était "nécessaire". Pour relancer son quinquennat, Emmanuel Macron a décliné les chantiers des mois à venir et plaidé pour "100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France".
Emmanuel Macron refuse "l'immobilisme". Le président de la République s'est exprimé, ce lundi 17 avril, lors d'une allocution télévisée d'une dizaine de minutes. Il a tracé la "feuille de route" que sera chargée de mettre en œuvre, d'ici à l'été, la Première ministre Elisabeth Borne. Le chef de l'Etat a décliné trois grands chantiers : "Le travail", "la justice, l'ordre républicain et démocratique" et le "progrès pour mieux vivre".
Emmanuel Macron a commencé son allocution en évoquant la très contestée réforme des retraites : "Le Conseil constitutionnel a validé, pour l'essentiel, la loi sur nos retraites, et je l'ai donc logiquement promulguée." Le chef de l’État a rejeté les accusations de passage en force, qui émanent des oppositions, en affirmant que le texte a été adopté "conformément à ce que prévoit notre Constitution".
Un consensus n'a pas pu être trouvé et je le regrette. Emmanuel Macron
"Ces changements étaient nécessaires", a encore affirmé Emmanuel Macron, qui estime que la réforme permettra de "garantir la retraite de chacun" et de "produire plus de richesses pour notre nation". Le chef de l’État a toutefois reconnu que la réforme constituait un "effort" qui a pu créer de la "colère" : "Cette réforme est-elle acceptée ? A l'évidence, non", a constaté Emmanuel Macron, regrettant qu'un "consensus" n'ait "pas pu être trouvé".
Face à cette colère, qu'il explique aussi par une "revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique" à laquelle "personne ne peut rester sourd", le Président estime que "la réponse ne peut être ni dans l'immobilisme, ni dans l'extrémisme". Pour cette raison, Emmanuel Macron a dit vouloir fixer un "cap clair" en déroulant les chantiers que devra détailler "dès la semaine prochaine" la Première ministre Élisabeth Borne.
Le chef de l'Etat, qui espère "relancer dès le mois de mai des coalitions et des alliances nouvelles", se donne "100 jours" pour retrouver l'"apaisement" et l'"unité" avec une "action" au service de la France : "Le 14 juillet prochain doit nous permettre de faire un premier bilan", a-t-il dit.
Défendant ses "résultats inédits et indiscutables" sur le chômage, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté d'élaborer avec les partenaires sociaux un "nouveau pacte de la vie au travail", le premier chantier des mois à venir. Il a notamment affirmé le travail devait "mieux payer". Le chef de l’État s'est engagé à réformer le lycée professionnel, mais aussi sa volonté de "ramener vers le travail le plus de bénéficiaires du RSA".
Emmanuel Macron a tendu la main à l'intersyndicale en se disant prêt à "recevoir les organisations patronales et syndicales dès demain matin" afin d'"ouvrir, sans aucune limite, sans aucun tabou, une série de négociations" sur les revenus des salariés, la progression des carrières, le partage de la richesse ou encore les conditions de travail.
Ce nouveau pacte de la vie au travail sera construit dans les semaines et les mois qui viennent par le dialogue social. Emmanuel Macron
Promettant de continuer à "réindustrialiser" la France, le chef de l'Etat a également assuré qu'une "planification écologique" sera dévoilée d'ici à cet été.
Autre chantier : restaurer "la justice et l'ordre républicain et démocratique". Le président de la République entend notamment "lutter contre le sentiment persistant que voter ne serait plus décider".
Emmanuel Macron a indiqué qu'il consultera la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ainsi que le président du Sénat, Gérard Larcher, et le président de Cese, Thierry Beaudet, avant de proposer de "grandes pistes" afin que "nos institutions gagnent en efficacité" tout en permettant une meilleure "participation citoyenne". Le président de la République a notamment estimé qu'"il nous faut moins de lois" et "moins de bureaucratie" au profit de plus de "liberté d'action" et d'"expérimentation".
Le chef de l'Etat promet, par ailleurs, de "continuer à recruter plus de 10.000 magistrats et agents" ou encore de créer "200 brigades de gendarmerie dans nos campagnes". Il entend aussi "lutter contre toutes les formes de délinquance" mais aussi de "fraudes". La lutte contre l'immigration illégale sera "renforcée" tout en "intégrant mieux ceux qui rejoignent notre pays", a-t-il déclaré.
Le dernier grand chantier concerne le "progrès pour mieux vivre", qui devra être porté par les services publics. Évoquant la vie de la "petite enfance" au "grand âge", Emmanuel Macron a aussi insisté sur le rôle de l’Éducation nationale, qui "doit renouer avec l'ambition d'être l'une des meilleures d'Europe" et du "système de santé [qui] sera profondément rebâti", afin de contribuer à la cohésion du pays.