Les Français étaient appelés aux urnes ce dimanche pour les élections régionales et départementales... Mais nombreux sont ceux qui ne sont pas allés voter : l'abstention atteint un taux historique de 66,1%. Retrouvez les résultats, les principales déclarations des responsables politiques et les analyses de nos invités sur LCP.fr
Initialement prévues au mois de mars, les élections régionales et départementales ont été reportées au mois de juin en raison de la pandémie de coronavirus. Mais la situation s'est améliorée ces dernières semaines. Et ce dimanche, les Français étaient appelés à voter pour le premier tour de ces deux scrutins, qui visent à renouveler les 95 Conseils départementaux et les 17 Conseils régionaux et territoriaux. Mais beaucoup ont décidé de ne pas aller voter, puisque selon le ministère de l'Intérieur, l'abstention atteint plus de 66%.
L'essentiel à retenir
Comme aux élections municipales, les candidats qui avaient été élus en 2015 ont bénéficié d'une prime aux sortants. En France métropolitaine, à l'exception de la Provence-Alpes-Côte d'Azur, où le candidat du RN Thierry Mariani arriverait en tête, tous les présidents de région sortants sont donnés devant au premier tour, selon les premières estimations.
Dans les Pays-de-la-Loire, Christelle Morançais arrive en tête avec 34.3%
En Bretagne, le socialiste Loïg Chesnais-Girard est devant avec 21.3%
Dans le Grand Est, Jean Rottner obtient 31,2% des voix.
En Corse, Gilles Simeoni est devant avec 29.2%
En Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset devance le RN de dix points avec plus de 28.8%
En Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez écrase le match avec 43.8% des suffrages.
En Normandie, Hervé Morin se classe premier avec 36,9% des suffrages exprimés.
Dans les Hauts-De-France, Xavier Bertrand arrive très largement en tête avec 42.4% des voix.
Carole Delga est première en Occitanie. La présidente sortante est largement en tête avec 39,6 %.
En Île-de-France, Valérie Pécresse domine les débats avec plus de 35.9%.
En Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay est en tête avec 20.9%. Enfin, dans le Centre-Val-de-Loire, François Bonneau obtient 24.8% des voix.
La droite présidant actuellement sept régions de France métropolitaine et la prime au sortant étant très forte, Les Républicains sont largement en tête au niveau national, avec 28,4% des voix. Loin devant le Rassemblement national, qui a été largement sur-évalué dans les sondages ces dernières semaines. Le parti de Marine Le Pen obtiendrait 19.3% des suffrages. La gauche, qui partait avec des stratégies divergentes selon les régions, profite aussi de la prime au sortant. Le PS est la troisième force politique du pays avec 15,8% des voix. EELV devance de plus de deux points La République en marche ( 13.2% contre 10,6%). Quant aux listes de la France insoumise, elles obtiendraient 5,2% au niveau national.
Autre fait politique majeur : le net reflux du Rassemblement national. Le parti d'extrême droite, qui enregistre entre 8 et 9 points de moins qu'en 2015, ne semble être nulle part en position de l'emporter.
Donné largement en tête au premier tour des régionales devant le RN, avec un score qui semble lui assurer la victoire au second tour, le président sortant ex-LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, s'est félicité dimanche d'avoir "desserré pour les briser les mâchoires du FN". Également candidat déclaré à la présidentielle, Xavier Bertrand recueille 42.1% des voix, loin devant son rival du RN, Sébastien Chenu (24.5%). Le candidat de la majorité présidentielle, Laurent Pietraszewski a concédé "un score trop faible" pour "se maintenir au second tour."
#régionales2021 : @xavierbertrand arrive largement en tête dans les #HautsDeFrance.
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>> "Le RN a reculé parce que nous avons montré que par le travail et par la cohérence, la politique n'était pas morte." pic.twitter.com/JDirY44whP
LaREM "prendra ses responsabilités" partout où il y a un "risque avéré" de victoire de l'extrême droite, a annoncé le patron du parti Stanislas Guerini. Ainsi, dans les Hauts-de-France, le parti présidentiel appelle à voter Xavier Bertrand. En région Paca, bien que le candidat RN Thierry Mariani soit pressenti en tête du scrutin, le candidat de la gauche Jean-Laurent Felizia, à annoncé,qu'il souhaitait "maintenir la voix de la gauche et de l'écologie au second tour". Dimanche soir, le premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure a appelé "solennellement" sur twitter au retrait de la liste pour faire barrage à l'extrême droite. Yannick Jadot a quant à lui qualifié le maintien de Felizia "d'erreur politique."
"Felizia a déjugé Olivier Faure", le premier secrétaire du PS, a affirmé M. Castaner dans une déclaration à l'AFP. "Je vois une gauche perdue, qui a perdu la raison. Dans la seule région de France où le RN peut l'emporter, la gauche n'est pas au rendez-vous. C'est une faute politique", a déclaré le président du groupe LaREM à l'Assemblée nationale. Jean-Laurent Felizia "serait certes un président de groupe de l'opposition, mais un président de la honte", a-t-il ajouté.
#Paca : Maintien ou retrait de Jean-Laurent #Felizia au second tour ? "Ça va être le feuilleton de la semaine", assure @yvesthreard. "Il y aura probablement des pressions des appareils nationaux."#electionsregionales2021 pic.twitter.com/XsMJhzldra
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Du côté des insoumis, Jean-Luc Mélenchon a réitéré sa volonté de tout faire “pour ne pas donner de région au Rassemblement national“, depuis son QG de campagne, à l’issue du premier tour. “Nous lançons un appel pour ne pas ajouter à tous les malheurs de notre démocratie, une affliction de plus. Nous ferons ce qu'il faut pour convaincre chacune et chacun qu'il ne faut pas donner de région au Rassemblement national", a-t-il ajouté.
Hauts-de-France, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Corse : autant de régions où la majorité présidentielle et son allié du MoDem échouent à se maintenir au second tour, selon les premières estimations. Le revers est important pour La République en marche, qui n’avait pas hésité à mobiliser des figures du parti pour tenter d'attirer les électeurs. Ainsi, dans les Hauts-de-France, plusieurs ministres avaient été déployés, dont Gérald Darmanin et surtout le médiatique garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, qui avait affiché son ambition de “chasser” le RN du territoire.
Dans plusieurs autres régions, le constat est certes moins amer, avec des candidats qui dépassent la barre des 10 %, mais LaREM devra batailler pour peser dans les négociations de l’entre-deux-tours. L’ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, arrive ainsi cinquième dans les Pays-de-la-Loire, déplorant "une grosse déception pour la majorité présidentielle." Constat similaire pour Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des Anciens combattants, qui se place en troisième position en Nouvelle-Aquitaine.
Le candidat écologiste est donné selon les premières estimations à 13,7% des voix. La socialiste Audrey Pulvar est à 11,2%, tandis que l'insoumise Clémentine Autain se qualifierait d'un cheveu avec 10,1%. "Comme nous l’avions annoncé, nous entamerons dès ce soir, les discussions pour former le grand rassemblement des écologistes avec les forces qui souhaitent mettre en oeuvre la transition écologique et sociale", a annoncé le leader des écologistes en Île-de-France. La maire de Paris (PS) Anne Hidalgo a appelé dimanche soir sur Twitter "à un large rassemblement des forces de gauche et des écologistes", aux côtés de la tête de liste de Julien Bayou. La présidente sortante, Valérie Pécresse (Libres ! - LR) est largement en tête du premier tour avec 34,2%. Le candidat du RN, Jordan Bardella, obtiendrait 14%.
Le candidat écologiste aux régionales dans les Pays de la Loire, Matthieu Orphelin, a officialisé dès dimanche l'alliance avec le socialiste Guillaume Garot au second tour alors que les deux hommes arrivent derrière la présidente sortante Christelle Morançais (LR), selon les premières estimations. "Dès ce soir, comme nous l'avions annoncé, nous concrétiserons notre rassemblement. Nous formerons dès demain une seule équipe, une même équipe qui se mobilisera toute la semaine pour convaincre et aller chercher la victoire", a déclaré Matthieu Orphelin à Nantes.
La participation au premier tour des élections régionales et départementales s'établit à 26,72% dimanche à 17 heures en France métropolitaine, en chute libre par rapport aux régionales de décembre 2015 (43,01%) et départementales de mars 2015 (42,75%), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Cet effondrement de la mobilisation devrait déboucher sur un record d'abstention (66,1%) pour un premier tour des régionales qui avait atteint son plus haut en 2010 avec 53,67%. Le taux de participation était déjà en baisse à la mi-journée avec un taux de participation de 12,22%.
"Le niveau de l'abstention est particulièrement préoccupant", a déclaré dans un tweet le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à propos des résultats des élections régionales. "Notre travail collectif doit être tourné vers la mobilisation des Français pour le second tour", a-t-il ajouté, alors que l'abstention atteint selon les estimations des instituts de sondage un niveau record entre 66,5% et 68,6%.
Le porte parole du gouvernement, Gabriel Attal, a qualifié l'abstention d'"abyssale", ajoutant qu'elle "doit tous nous alerter". Elle est "le premier enseignement de ces élections", a-t-il analysé, estimant qu'elle est "en partie liée à la situation sanitaire".
Pourquoi les Français ont-ils décidé de massivement s'abstenir ce dimanche ? "Parce que nous pensons que ces élections ne changeront rien à notre vie quotidienne", répondent auprès de notre partenaire Ipsos/Sopra Steria 39 % des interrogés. La seconde raison de l'abstention, avancée par 23% des sondés, est "la manifestation du mécontentement à l'égard des hommes politiques en général." Enfin, 18% des abstentionnistes ont décidé de ne pas se déplacer dans les bureaux de vote pour "manifester leur mécontentement à l'égard du gouvernement et d'Emmanuel Macron."
Pourquoi les Français se sont-ils massivement abstenus ? 39% des sondés répondent que les résultats des #régionales2021 "n'allaient pas changer grand chose à leur vie quotidienne", explique Amandine Lama, directrice d'études chez @IpsosFrance.#Abstention pic.twitter.com/j7r7UfF2zv
— LCP (@LCP) June 20, 2021
Le député et candidat déclaré à la présidentielle a par ailleurs critiqué les conditions dans lesquelles s’est déroulé le scrutin, allant jusqu’à demander l’ouverture d’une commission d'enquête. "Il est temps de s'interroger publiquement sur les causes de tels dysfonctionnements", a confié le leader de La France insoumise. Ainsi, à Marseille, la mairie n'a pas pu empêcher certains bureaux d'ouvrir en retard faute de personnel. Samedi, les collectivités et les partis ont alerté sur des manquements dans la distribution de la propagande électorale.