Élections législatives : après une semaine entre coups de théâtre et rebondissements, la campagne de 1er tour commence

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Hémicycle
par Ludovic FAU, le Lundi 17 juin 2024 à 02:35, mis à jour le Lundi 17 juin 2024 à 17:23

Après le séisme de la dissolution de l'Assemblée nationale et une semaine de tractations, d'alliances et de dissidences, qui ont bouleversé le paysage politique, les candidats au premier tour des législatives sont sur la ligne de départ. Ce lundi 17 juin commence la campagne officielle pour le premier tour, qui aura lieu le 30 juin. 

La course contre la montre engagée la semaine dernière pour le dépôt des candidatures au premier tour des élections législatives s'est achevée hier, dimanche 16 juin à 18 heures, au terme d'une semaine de tractations, d'alliances et de dissidences, qui ont bouleversé le paysage politique

Une semaine après le séisme provoqué par la dissolution de l'Assemblée nationale et la convocation de législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet, la campagne officielle commence ce lundi 17 juin. Au total, 577 sièges de député sont à pourvoir. 

La coalition présidentielle 

Sonnée par la dissolution de l'Assemblée nationale, la majorité sortante - composée de Renaissance, du MoDem et d'Horizons - s'est mise en ordre de bataille en présentant 489 candidats sous la bannière "Ensemble pour la République". La plupart des députés sortants, dont Yaël Braun-Pivet, qui présidait l'Assemblée nationale depuis 2022, ainsi que 24 des 35 ministres du gouvernement, sont candidats, à commencer par le Premier ministre, Gabriel Attal.

Par ailleurs, la coalition présidentielle a décidé de ne pas présenter de candidat dans une soixantaine de circonscriptions dont les sortants sont des élus de droite, de gauche, ou du groupe centriste LIOT, soit parce qu'ils sont jugés constructifs, soit en raison de la situation politique locale.  "Dans 65 circonscriptions, nous avons considéré que le vote utile pour lutter dès le premier tour contre les extrêmes était ailleurs, et qu'il nous faut tendre la main à d'autres élus", indique un communiqué. 

Selon les listes de candidatures publiées Renaissance, le MoDem et Horizons, les circonscriptions des députés LR sortants Michèle Tabarot, Marie-Christine Dalloz, Virginie Duby-Muller, Emilie Bonnivard, Nicolas Forissier ou encore Julien Dive, ont été laissées libres. Au terme d'un accord local dans les Hauts-de-Seine, département d'élection de Gabriel Attal, la coalition présidentielle ne présente pas non plus de candidat face à Philippe Juvin et face à Jean-Didier Berger, candidat dans la circonscription de Jean-Louis Bourlanges (MoDem) qui a décidé de ne pas briguer un nouveau mandat. 

A gauche, le camp présidentiel n'envoie pas de candidat face à plusieurs députés sortants et représentants du Parti socialiste, comme Jérôme Guedj, Dominique Potier ou encore Cécile Untermaier. C'est aussi le cas pour François Hollande, pour lequel cette absence de candidature ne vaut cependant pas soutien, Gabriel Attal ayant indiqué, ce lundi matin sur RTL, que la majorité sortante soutiendrait plutôt le candidat de droite, Francis Dubois.  

Enfin, pas de candidat non plus face à Bertrand Pancher, Charles de Courson, Benjamin Saint-Huile, Christophe Naegelen, Martine Froger ou encore Pierre Morel-A-L'Huissier, députés sortants du groupe LIOT, qui avait présenté une motion de censure qui n'avait échoué qu'à 9 voix près lors de la réforme des retraites. 

Du côté de Renaissance, Gilles Le Gendre n'a pas été réinvesti, le parti lui préférant Jean Laussucq, conseiller Les Républicains de Paris, élu dans le 7e arrondissement dont Rachida Dati est la maire. L'ancien président du groupe La République en marche a donc décidé de se présenter sans étiquette.

En outre, selon les dernières listes d'investitures publiées, Damien Abad, ancien président du groupe Les Républicains, passé chez Renaissance, éphémère ministre en 2022, qui a depuis été mis en examen pour tentative de viol, n'aura pas non plus de concurrence venue de la coalition présidentielle et sera candidat sans étiquette. La déléguée départementale de Territoires de progrès (l'une des sensibilités de Renaissance), Nathalie Descours, s'est cependant portée candidate dans la circonscription. 

Le Rassemblement national, Les Républicains

La semaine dernière a été marquée par la confusion et les déchirements à droite, avec le ralliement du président des Républicains, Eric Ciotti, au Rassemblement national, ce qui a provoqué une crise chez LR, des alliances locales et des candidatures dissidentes.

Désavoué à l'unanimité par le bureau politique de son parti, le député des Alpes-Maritimes n'a été ouvertement soutenu que par deux cadres du mouvement. Sa voisine de circonscription, Christelle D'Intorni, et le président des Jeunes républicains, Guilhem Carayon. Dimanche, Eric Ciotti a fait savoir qu'il avait avec lui 62 candidats "du rassemblement des droitesqui seront soutenus par le Rassemblement national. Parmi ceux-ci, Christelle D'Intorni et Guilhem Carayon, mais aussi une ancienne députée de La République en marche de 2017 à 2022, Typhanie Degois, qui a annoncé sur X (ex-Twitter) être candidate "avec Eric Ciotti pour une grande alliance de la Droite".  

Les Républicains qui s'opposent à l'alliance avec le Rassemblement national ont, quant à eux, fait savoir qu'ils avaient investi "près de 400 candidats", dont Virgile Vanier qui affrontera Eric Ciotti dans les Alpes-Maritimes. A noter que Laurent Wauquiez, qui ne siégeait plus à l'Assemblée nationale depuis 2017, a décidé d'être candidat. Au cours du week-end, Nicolas Sarkozy a dénoncé la stratégie d'Eric Ciotti, arguant notamment qu'elle conduirait à faire de LR un simple "supplétifparti de Marine Le Pen.

A l'extrême droite, Eric Zemmour, en dépit de son hostilité au Rassemblement national, a annoncé que Reconquête ne présentera pas de candidat dans près de la moitié des circonscriptions, comme celles d'Eric Ciotti et de Nicolas Dupont-Aignan, afin de favoriser "les artisans de l'union nationale". Mais le parti sort surtout affaibli de la séquence, Marion Maréchal ayant rejoint l'alliance entre Eric Ciotti et le Rassemblement national, ce qui lui a valu d'être exclue par Eric Zemmour. 

Le Nouveau Front populaire

A gauche, la semaine dernière a permis au Parti socialiste, à La France insoumise, aux Ecologistes et au Parti communiste de conclure un accord électoral et de se mettre d'accord sur un programme de gouvernement. Mais les investitures du parti de Jean-Luc Mélenchon ont provoqué de fortes tensions ce week-end au sein de LFI, ainsi que de vives critiques venues des Ecologistes et du Parti socialiste

En cause notamment, la candidature d'Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales en 2022, qui - sous la pression - a finalement jeté l'éponge. Autre candidature suscitant la polémique, celle Raphaël Arnault. Porte-parole du mouvement antifasciste d'extrême gauche la Jeune Garde, celui-ci est fiché "S"

La décision de La France insoumise de ne pas investir plusieurs députés sortants, comme Alexis CorbièreRaquel Garrido et Danielle Simonnet figures historiques du parti qui ont exprimé des critiques vis-à-vis de la ligne et de la stratégie de Jean-Luc Mélenchon - a aussi suscité des tensions et des incompréhensions au sein du Nouveau Front populaire. Tous trois seront malgré tout candidats. 

A peine conclue, l'alliance de gauche - représentée par des candidats qui vont de l'ancien Président François Hollande au militant anticapitaliste Philippe Poutou en passant par l'ancien ministre de la Santé d'Emmanuel Macron, Aurélien Rousseau - est mise à rude épreuve en raison de l'hétérogénéité de ses composantes. Député sortant et candidat du Parti socialiste, Jérôme Guedj a d'ailleurs décidé de décliner l'étiquette du Nouveau Front populaire

Au lendemain de la candidature surprise François Hollande, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin a néanmoins, lui aussi, défendu la nouvelle union, seule "digue", selon lui, capable de contenir le Rassemblement national.

Après la course contre la montre à laquelle ont été confrontés tous les partis pour composer leurs investitures et les candidats pour déposer leur dossier en préfecture, c'est un autre compte à rebours qui commence ce lundi 17 juin, date du coup d'envoi de la campagne officielle pour le premier tour des législatives qui aura lieu le 30 juin