Le député Jérémie Iordanoff (Ecologiste et social) a été élu, ce mardi 22 octobre, à une vice-présidence de l'Assemblée nationale, en obtenant davantage de voix que la députée Virginie Duby-Muller (Droite républicaine). Compte tenu des forces en présence au Palais-Bourbon, cette dernière pouvait espérer l'emporter, mais simple manque de mobilisation ou signe des tensions qui agitent le socle gouvernemental, c'est le candidat du Nouveau Front populaire qui a été élu.
L'élection ayant eu lieu à bulletin secret, comme le prévoit le règlement de l'Assemblée nationale, elle gardera sa part de mystère. Mais alors que le socle gouvernemental (ex-majorité présidentielle et droite) compte plus de députés que l'alliance du Nouveau Front populaire, Virginie Duby-Muller (Droite Républicaine) partait, en principe, avec une longueur d'avance. Pourtant, à l'arrivée, c'est Jérémie Iordanoff (Ecologiste et social) qui a franchi la ligne d'arrivée en tête et qui a été élu.
Au troisième tour, le député de l'Isère a obtenu 175 voix, contre 161 pour sa collègue de Haute-Savoie, dans un scrutin à suspense pour remplacer Annie Genevard (Droite républicaine), élue à l'une des six vice-présidences du Palais-Bourbon en juillet dernier, avant d'être nommée ministre de l'Agriculture le mois dernier. Signe des tensions qui traversent le socle gouvernemental, au premier et au deuxième tours, les voix du bloc central se sont partagées entre deux candidatures : celle de Virginie Duby-Muller et celle de Christophe Blanchet (Les Démocrates). Arrivé derrière la député de droite aux deux premiers tours de scrutin, le député MoDem du Calvados s'est finalement retiré, sans que cela suffise à assure la victoire de l'élue issue des Républicains.
Au deuxième tour, Virigine Duby-Muller avait obtenu 125 voix, tandis que Christophe Blanchet en avait obtenu 46. Le score de ce dernier étant même de 69 voix au premier tour, soit le double des députés que compte son groupe. A l'évidence, d'où que vienne la déperdition, alors que l'ex-majorité présidentielle est composé de trois groupes (Ensemble pour la République, Les Démocrates et Horizons), l'élue de Haute-Savoie n'a pas fait le plein des voix du "socle commun" de Michel Barnier, tandis que Jérémie Iordanoff, qui avait obtenu 149 voix au deuxième tour, a semble-t-il bénéficié de la mobilisation de la gauche et, peut-être, de l'apport de quelques voix venue d'ailleurs...
Il y a deux semaines, l'élection surprise d'Aurélie Trouvé (La France insoumise) à la présidence de la commission des affaires économiques avait étalé au grand jour les relations compliquées entre le groupe Ensemble pour la République, présidé par Gabriel Attal, et le groupe Droite Républicaine, présidé par Laurent Wauquiez. Pour autant, avant l'élection qui a eu lieu ce mardi, l'ex-Premier ministre avait demandé à ses troupes de respecter l'accord politique conclu en juillet dernier pour la répartition des fonctions clés à l'Assemblée, ce qui aurait dû permettre à Virginie Duby-Muller de l'emporter.
"C'est la défaite" du socle commun, "leurs divisions leur ont coûté une vice-présidence", a déclaré Jérémie Iordanoff, peu après son élection, remerciant les députés du Nouveau Front populaire de leur vote.
Tout en considérant que les reports de voix s'étaient bien effectués après le retrait de Christophe Blanchet, le président du groupe Les Démocrates, Marc Fesneau, a déclaré ne pas être "satisfait du tout" du résultat final. Regrettant les "accrocs dans le contrat" passé en juillet la droite et l'ex-majorité présidentielle, il a reconnu que des "tensions" avaient eu lieu ces derniers temps. "Cela peut nous servir de de réflexion collective sur le fait qu'il faut qu'on essaye de fonctionner différemment, pas par à-coups, comme ça", a-t-il indiqué au micro de LCP.
Du côté d'Ensemble pour la République, le groupe au sein duquel siègent les députés du parti présidentiel, une source a déploré la candidature issue du MoDem qui "depuis le début" ne servait "à rien". "Ce n'est pas parce que Laurent Wauquiez n'a pas respecté ses engagements [lors de l'élection à la tête de la commission des affaires économiques] qu'on doit faire pareil. Force est de constater que le Modem ne nous aide pas sur ce coup-là".
Livrant quelques mots à LCP, Virginie Duby-Muller a, quant à elle, dit prendre acte du résultat, tout en faisant part de sa "grande incompréhension, partagée par bons nombre de [ses] collègues". La gauche, qui était déjà majoritaire avec douze sièges sur vingt-deux au sein du Bureau de l'Assemblée nationale, compte donc désormais un siège de plus au sein la plus haute autorité collégiale du Palais-Bourbon qui se réunit sous la présidence de Yaël Braun-Pivet.
(Avec Stéphanie Depierre)