Edouard Philippe a été remplacé, ce vendredi, par Jean Castex au poste de Premier ministre. Retour sur les moments marquants de son parcours en tant que chef du gouvernement à l'Assemblée nationale.
Fort d'une large majorité à l'Assemblée nationale et fraîchement nommé par le président de la République, Édouard Philippe livre son premier discours de politique générale face aux députés. Cette intervention, destinée à tracer la feuille du gouvernement, a été démonétisée par l'intervention d'Emmanuel Macron, la veille, devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles.
Pas de quoi toutefois déstabiliser le chef du gouvernement, qui affirme d'emblée sa loyauté au locataire de l'Élysée : "Faisons en sorte que la France ne regrette pas d'avoir choisi l'optimisme et la confiance", espère-t-il à l'issue d'un discours d'une heure.
Dans une tentative de faire la synthèse gauche-droite chère aux premiers mois du macronisme, Édouard Philippe cite aussi Michel Rocard à la tribune : "Défaire ce que les autres ont fait et faire ce que d'autres déferont, voilà le type de politique dont les électeurs ne veulent plus." Et récolte une salve d'applaudissements :
.@EPhilippePM cite la #DPG Michel Rocard de 1988 et se fait applaudir #DirectAN pic.twitter.com/n47hppdMHx
— LCP (@LCP) July 4, 2017
Le 11 novembre 2017, Édouard Philippe est Premier ministre depuis quelques mois seulement. Les députés Les Républicains, ses anciens collègues de la précédente législature, le chahutent pendant la séance des questions au gouvernement.
"Quand je pense à ceux qui nous regardent à la télévision...", ironise alors Edouard Philippe.
Le 23 mars 2018, la France est endeuillée par les attentats de Trèbes et de Carcassonne, qui feront quatre victimes tuées par le terroriste, ce dernier étant abattu par le GIGN.
Edouard Philippe rend hommage aux victimes quatre jours plus tard, lors de la séance des questions au gouvernement (à partir de 3 minutes 58 dans la vidéo). Il salue particulièrement la bravoure du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui "incarne la République" : "Il est son image, son corps."
À partir du 1er juillet 2018, le réseau secondaire routier doit voir sa vitesse maximale autorisée passer de 90 à 80km/h. Une mesure préconisée par le délégué national à la sécurité routière, mais aussi et surtout portée personnellement par le Premier ministre.
Mais la mesure, justifiée par le souci de faire baisser la mortalité routière, recueille une très forte opposition, à droite comme à gauche. Chaque semaine ou presque, Les Républicains interpellent vivement Édouard Philippe sur ce thème, très décrié par l'opinion publique.
Les débats s'enveniment et une proposition de loi LR tente d'y faire barrage : "Arrêtez d'emmerder les Français", lui lancent dès le début de l'année 2018 Arnaud Viala (LR) :
Six mois plus tard, le Premier ministre ferme toujours la porte à tout aménagement :
.@EPhilippePM ferme la porte aux propositions LR pour assouplir le passage à 80km/h sur les routes secondaires : "Il n'y a pas de fatalité en matière de sécurité routière. Non, nous ne changerons pas d'avis."#directAN #QAG pic.twitter.com/5grhkf6Hqx
— LCP (@LCP) June 19, 2018
Finalement, après la crise des Gilets jaunes, la réforme est largement adoucie. Un amendement sénatorial voté au printemps 2019 laisse aux élus locaux la possibilité de revenir librement aux 90 km/h. Édouard Philippe est obligé de mettre de l'eau dans son vin et de clore une polémique qui aura duré presque un an.
Le 5 décembre 2018, le Premier ministre tente de désarmorcer la crise des gilets jaunes. Devant les députés, il assure être prêt à renoncer à appliquer la hausse de la taxe sur les carburants. Dans une ambiance électrique, Edouard Philippe lance un "appel à la responsabilité" à "tous les acteurs du débat public".
A l'issue d'un débat de cinq heures, l'Assemblée nationale approuve la politique du gouvernement (358 voix pour, 194 contre).
Le Premier ministre fera ensuite face à une motion de censure déposée par l'opposition de gauche. Cette motion de censure ne sera pas adoptée.
Le 29 février 2020, Edouard Philippe annonce le recours à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour permettre l'adoption, en première lecture, de la réforme des retraites. L'opposition a en effet déposé de nombreux amendements afin de ralentir les débats.
"Je n'ai pas le sentiment que notre démocratie puisse se payer le luxe d'un tel spectacle", déclare alors le Premier ministre.
Le gouvernement fera face à deux motions de censure : l'une déposée par la droite, l'autre déposée par la gauche. Sans surprise, les deux motions seront rejetées.
Edouard Philippe restera dans l'histoire comme étant le Premier ministre qui a dû gérer la crise du Covid-19, et assumer la décision de confiner l'ensemble du pays pendant deux mois.
Le 1er avril 2020, le Premier ministre est auditionné par les députés de la mission d'information sur la gestion de l'épidémie de coronavirus. Il prévient qu'une crise économique pourrait succéder à la crise sanitaire.
Cette période donnera lieu à quelques scènes inédites : le 3 avril 2020, la présidente de la commission des lois Yaël Braun-Pivet a partagé une photo montrant le Premier ministre en train de participer à une vidéo-conférence avec des députés de La République en Marche.
Le 28 avril, Edouard Philippe présente sa stratégie de déconfinement aux députés.
Le 23 juin, les députés peuvent à nouveau siéger au complet dans l'hémicycle de l'Assemblée. Sur les bancs des ministres, Edouard Philippe apparaît masqué.
Mardi 30 juin, alors qu'il s'apprête à prendre la parole lors des questions au gouvernement, deux jours après le second tour des élections municipales et alors que le remaniement gouvernemental est en préparation, Edouard Philippe est longuement applaudi par la majorité.
Questions au gouvernement : les députés de la majorité applaudissent longuement le Premier ministre @EPhilippePM lors de sa première intervention.#DirectAN #QAG pic.twitter.com/zWXMHtjlCb
— LCP (@LCP) June 30, 2020
Cette séance de questions au gouvernement aura donc été la dernière d'Edouard Philippe en tant que Premier ministre. Ne s'étant pas présenté aux élections législatives en 2017, il ne siégera pas à l'Assemblée après avoir quitté Matignon. Il se consacrera notamment à son mandat de maire du Havre, où il a été réélu dimanche 28 juin.