Garde des Sceaux de François Mitterrand, Robert Badinter n'a jamais été élu député, mais a prononcé à l'Assemblée nationale un discours qui a marqué l'histoire parlementaire et la vie du pays. En 1981, son vibrant plaidoyer contre la peine de mort a résonné dans l'hémicycle du Palais-Bourbon. Alors que son décès, à l'âge de 95 ans, a été rendu public ce vendredi 9 février, la nouvelle de sa disparition a déclenché une pluie d'hommages à sa vie et à son œuvre.
Comme Simone Veil et la loi ayant dépénalisé l'avortement, le nom de Robert Badinter est et sera sans doute à jamais associé à un moment historique, celui de l'abolition de la peine de mort. Le 17 septembre 1981, alors garde des Sceaux de François Mitterrand, il prononce un discours dont les échos résonnent encore dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Quatre décennies plus tard, les députés d'aujourd'hui rendent hommage - le plus souvent avec reconnaissance et émotion, parfois avec plus de sobriété - à la figure qui a incarné le combat ayant mené à la loi portant "abolition de la peine de mort", promulguée le 9 octobre 1981.
"Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue", a ainsi cité sur X (ex-Twitter) le président du groupe Socialistes de l'Assemblée, Boris Vallaud, reprenant les mots de Robert Badinter et saluant la mémoire d'un "grand homme d’Etat, grand humaniste, grand socialiste".
"Partout, dans le monde, et sans aucune exception, où triomphent la dictature et le mépris des droits de l’Homme, partout vous y trouvez inscrite, en caractères sanglants, la peine de mort", a quant à elle souligné la présidente du groupe La France insoumise, Mathilde Panot saluant celui "qui a fait sortir le pays de l'obscurité avec l'abolition de la peine de mort".
Son homologue du groupe Ecologiste, Cyrielle Chatelain, a également fait référence au progrès constitué par la loi du 9 octobre 1981, évoquant "un grand homme politique" qui, "par ses combats (...) a fait grandir notre démocratie, évoluer toute une société".
"Robert Badinter semblait être ce roc insubmersible au service de la défense des valeurs de notre République, son combat contre la peine de mort est inscrit à jamais dans l'histoire", a aussi réagi le secrétaire national du Parti communiste et député Fabien Roussel (Gauche démocrate et républicaine). "Notre pays perd un de ses grands hommes", conclut-il sur X.
l’hémicycle restera à jamais le témoin de son combat contre la peine de mort. Yaël Braun-Pivet
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), a pour sa part décrit en Robert Badinter "le défenseur des causes justes, l’humanisme incarné, la voix de la sagesse dans un monde bouleversé", et d'ajouter que "l’hémicycle restera à jamais le témoin de son combat contre la peine de mort".
A l'unisson, le président du groupe Horizons, Laurent Marcangeli, a salué "un humaniste qui a fait reculer les ténèbres", tandis qu'Erwan Balanant (Démocrate), postant sur X un extrait vidéo du discours de 1981, a salué un "homme d'Etat, intellectuel, ardent défenseur de causes sociales et sociétales", qui avait fait "de la justice son combat". "La République perd un grand Homme", a écrit le président du groupe Renaissance, Sylvain Maillard.
Président des Républicains, Eric Ciotti a fait part de sa "profonde tristesse à l’annonce du décès de Robert Badinter, figure emblématique de la justice et défenseur infatigable des droits de l'Homme". Alors que sa famille politique était loin d'être unanimement favorable à la loi de 1981, le député Les Républicains ajoute que "sa lutte pour l'abolition de la peine de mort restera gravée dans nos mémoires et nos institutions".
Héritière d'un courant politique qui a longtemps réclamé le rétablissement de la peine de mort, Marine Le Pen, qui a retiré cette mesure de son programme en 2017 et qui plaide pour une "perpétuité réelle", a elle aussi rendu hommage, avec une certaine sobriété, au premier garde des Sceaux de François Mitterrand. "On pouvait ne pas partager tous les combats de Robert Badinter, mais cet homme de convictions, fut incontestablement une figure marquante du paysage intellectuel et juridique. J’adresse mes condoléances à son épouse et à sa famille", a réagi la présidente du groupe Rassemblement national.
Enfin, le chef de file des députés Libertés, indépendants, outre-mer et terriroires (LIOT), Bertrand Pancher s'est ému de la "disparition d’un profond humaniste et d’une grande figure politique, défenseur infatigable de l’abolition de la peine de mort, socle de notre République".