Le député de l'Ain, Damien Abad a annoncé dans un entretien accordé au Figaro sa décision de quitter la présidence du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale. Une clarification réclamée par son parti, alors que Damien était à la tête du principal groupe d'opposition depuis 2019, et que son nom circule pour une éventuelle entrée au gouvernement.
Accusé par son parti de lorgner du côté du camp présidentiel, Damien Abad a mis fin au suspense dans une interview publiée jeudi soir par Le Figaro : "Je décide aujourd’hui de quitter ma fonction de président du groupe LR à l’Assemblée dans un souci de clarté, de cohérence et de responsabilité. (...) Je reste un homme de droite mais je me mets en congés de mon parti LR", déclare-t-il.
Depuis la réélection d'Emmanuel Macron, la publication d'un tweet de félicitations très remarqué au le Président, puis la décision de la majorité présidentielle de ne pas investir de candidat face à lui formaient autant d'indices sur un possible ralliement. C'est désormais chose faite, comme d'ailleurs cinq autre députés LR avant lui : Éric Woerth a rejoint le camp présidentiel dès le mois de février, puis Robin Reda, Constance Le Grip, Marine Brenier et Jean-Carles Grelier ont fait de même après la présidentielle, tous cherchant à se faire réélire députés.
Damien Abad assure qu'il n'est pas dans "une logique de marchandage" et n'a pas souhaité commenter la constitution en cours du gouvernement d'Élisabeth Borne, nommée Première ministre en début de semaine.
"Ma ligne politique, qui veut la réussite de mon pays, n’est pas si minoritaire que cela au sein de ma famille politique, a aussi assuré le parlementaire, qui affirme avoir reçu "de nombreux messages de soutien de la part de députés LR". Interrogé par le journal sur le fait qu'il ait tardé à prendre cette décision, Damien Abad rapporte qu'"il pensait faire bouger les lignes de l'intérieur"., rappelant avoir toujours été "très mal à l'aise avec le 'ni-ni- triomphant" de son parti face à Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Plus tôt dans la journée, le patron des Républicains, Christian Jacob, avait demandé à son collègue député de quitter ses fonctions de président du groupe LR qu'il occupait depuis 2019. "Je lui ai signifié qu'on ne pouvait pas attendre le bon vouloir de monsieur Macron de le prendre ou de ne pas le prendre au gouvernement", s'est-il agacé dans un communiqué :
J’ai signifié à Damien Abad qu’il devait dès maintenant quitter ses fonctions de Président du Groupe Les Républicains pic.twitter.com/qBF3GwKWLU
— Christian JACOB (@ChJacob77) May 19, 2022
D'abord militant centriste à l'UDF puis du Nouveau Centre dans les années 2000, Damien Abad rejoint l'UMP (devenu LR) en 2012. Élu député européen en 2009, puis conseiller régional de Rhône-Alpes en 2010, il devient député pour la première fois en 2012 dans l'Ain. Ancien soutien de Laurent Wauquiez en 2017 pour la présidence de LR, puis de Xavier Bertrand pour la présidentielle en 2022, Damien Abad a surtout gagné en visibilité et en poids politique lorsqu'il remplace Christian Jacob à la tête des députés LR, en 2019.
Alors chef de file de l'opposition de droite, il n'hésite pas à critiquer vertement l'exécutif, qu'il soit représenté par Édouard Philippe ou Jean Castex. Le 15 juillet 2020, lors du discours de politique générale de ce dernier, Damien Abad tance sévèrement La République en marche, accusée d'être un parti "sans élus, sans racines, sans identité politique".
.@damienabad critique "une majorité La République en marche sans élus, sans racines, sans identité politique et sans troupes militantes".#DirectAN pic.twitter.com/IQQxmDlfJS
— LCP (@LCP) July 15, 2020
À peine deux ans plus tard, Damien Abad s'éloigne donc des Républicains et devient un exemple supplémentaire de la recomposition en cours de la vie politique française.