Pierre Moscovici a présenté, mercredi 28 septembre à l'Assemblée nationale, l'avis du Haut Conseil des finances publiques sur le budget de l'Etat et le budget de la Sécurité sociale pour 2023. "Le Haut Conseil considère que le taux de croissance retenu pour 2023 paraît un peu élevé", a notamment indiqué Pierre Moscovici qui préside cet organisme.
"Je ne suis pas un ayatollah de la dette ou une Cassandre de l’austérité"... Cette déclaration faite, le premier président de la Cour des comptes, auditionné par les députés de la commission des finances, mercredi 28 septembre, a affirmé que la France était "à un moment charnière" en matière de finances publiques. Selon lui, les dépenses liées au "quoiqu'il en coûte" décrétées par l'Etat au plus fort de l'épidémie de Covid-19 étaient "nécessaires", mais peuvent constituer des "freins pour l'avenir", en ce qu'elles ont aggravé le niveau de la dette et du déficit public.
Pour préparer son avis sur les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2023, le Haut Conseil, présidé par Pierre Moscovici, a notamment évalué les présupposés macro-économiques sur lesquels s'est fondé le gouvernement. Il considère ainsi que "le taux de croissance retenu pour 2023 parait un peu élevé" et que la conjoncture économique sur laquelle le gouvernement table pour l'an prochain "s’écarte assez sensiblement de celle du consensus des prévisionnistes". Pour ce qui est de la croissance française, si le gouvernement mise sur une prévision de 1% pour 2023, les instances économiques de référence dessineraient plutôt un taux estimé entre 0 et 0,6%. Pierre Moscovici a notamment évoqué un contexte international qui risquerait de peser sur les exportations françaises "plus que prévu" par le gouvernement.
Pour ce qui est de la prévision d'inflation chiffrée par le gouvernement à 4,2%, le président du Haut Conseil indique, en revanche, qu'il s'agit d'un scénario "plausible", à l'instar des prévisions d’emploi et de masse salariale à venir. Si Pierre Moscovici a, par ailleurs, souligné la plausibilité de chaque hypothèse considérée individuellement, il a indiqué que c'est la "combinaison" de chacun des facteurs pris dans un sens plutôt favorable qui conduisait à une vision "volontariste" de la part du gouvernement.
Estimant, en outre, que certaines dépenses à venir pouvaient être "sous-estimées", il a voulu opposer une forme de "réalisme" au "volontarisme" du gouvernement, en considérant que "ni les lois de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2023, ni le projet de loi de programmation des finances publiques, ne nous engagent dans la voie d’un redressement suffisant de nos finances publiques".
Indiquant, qu'à ce stade au moins, le Haut Conseil n'avait d'informations suffisamment précises sur les réformes, en cours ou à venir, en matière d'assurance-chômage, de RSA, d'apprentissage et, bien sûr, de retraites, Pierre Moscovici a cependant estimé que pour avoir un effet efficace sur les finances publiques, "il faudrait que ces réformes soient toutes mises en œuvre rapidement".
"Nous avons un problème de financement de nos retraites", a-t-il ajouté, considérant que le fait de mener une réforme en jouant sur les paramètres de l'âge et de la durée de cotisation était "plus social qu'anti-social", afin d'éviter une baisse du niveau des pensions de retraite qui pourrait s'avérer "dramatique".