Face à la troisième vague de l'épidémie de coronavirus, le ministre des Solidarités et de la Santé mise sur le respect par les Français des règles sanitaires et promet une hausse des livraisons de doses de vaccins.
La France est à "un tournant de [son] combat contre l'épidémie". Lors d'un débat dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, mercredi 24 mars, sur le suivi de la crise sanitaire, Olivier Véran a prévenu : "Nous savons que les prochaines semaines vont être très difficiles."
Pour faire face à la troisième vague de l'épidémie de Covid-19, le gouvernement a décidé samedi de placer seize départements en zone de "mesures de freinage renforcées". Trois nouveaux départements devraient subir le même sort dans les prochains jours. Pour autant, Olivier Véran estime que "l'espoir est permis" : "A court terme, la campagne vaccinale changera la donne".
Face à lui, certains députés ont dénoncé des lenteurs dans la livraison des doses : "Je vais recevoir deux flacons, vacciner vendredi et samedi, et après plus rien jusqu'au 10 avril", a ainsi regretté la députée "Agir ensemble" Agnès Firmin Le Bodo, pharmacienne de profession. Le ministre de la Santé lui a répondu, écartant tout problème logistique : "Le seul facteur limitant pour la vaccination, c'est le nombre de doses qui nous sont livrées et ces livraisons vont augmenter", a promis Olivier Véran.
Le ministre a également déclaré vouloir permettre aux infirmiers de prescrire le vaccin AstraZeneca "pour aller vacciner au domicile des personnes âgées isolées". La Haute autorité de santé doit donner sa réponse "dans les tout prochains jours".
En attendant une accélération de la campagne, le gouvernement s'en remet au respect des nouvelles consignes sanitaires édictées par le Premier ministre Jean Castex : "Chaque comportement individuel que nous allons avoir dans les semaines à venir est aussi une part de la solution."
Mercredi, plusieurs élus, à l'instar de Gérard Leseul (Socialistes), ont mis en cause le "pari" qu'aurait fait Emmanuel Macron au début de l'année 2021 en décidant de ne pas reconfiner le pays. Autre critique : le gouvernement aurait manqué "d'anticipation", selon Michel Zumkeller (UDI et indépendants).
"Les mesures suffisantes n'ont pas été prises pour former des infirmières à la réanimation et pour ouvrir de façon pérenne des lits", a ajouté l'élu communiste Pierre Dharréville, qui évoque "des logiques de vases communicants qui jouent principalement sur les déprogrammations". François Ruffin (La France insoumise) a lui aussi dénoncé un manque de moyens mis à la disposition du personnel soignant. "Nous n'avons ni bouclier, ni glaive, pas assez de lits de réanimation et pas assez de vaccins", a résumé Jean-Jacques Gaultier (Les Républicains).
Par ailleurs, Olivier Véran ne s'est pas opposé au "passeport sanitaire", qui pourrait permettre aux Français de voyager à l'étranger : ce sujet nécessitera "une coordination européenne", a-t-il expliqué.
Le ministre des Solidarités et de la Santé "ne ferme aucune porte". Il semble en revanche ne pas croire à la mise en place d'un "pass sanitaire" sur le territoire national : ce dispositif rendrait obligatoire la vaccination pour pouvoir accéder à certains établissements. Selon Olivier Véran, "le temps que ce débat-là soit monté, on aura une couverture vaccinale déjà satisfaisante". Le ministre estime par ailleurs qu'à ce moment, la troisième vague aura pris fin et que l'on sera "probablement en capacité de rouvrir un certain nombre de lieux".