Covid-19 : L'Assemblée nationale favorable au dépistage systématique

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Damien Abad a défendu la proposition de résolution du groupe LR
par Ariel Guez, le Jeudi 3 décembre 2020 à 13:15, mis à jour le Jeudi 3 décembre 2020 à 18:24

L'Assemblée nationale a largement adopté jeudi 3 décembre une proposition de résolution du groupe Les Républicains demandant au gouvernement de s'inspirer des exemples étrangers en matière de dépistage "systématique" du Covid-19. L'objectif est d'éviter une troisième vague et un nouveau confinement après les fêtes de fin d'année. 

Les députés disent oui au dépistage systématique. Rassemblés jeudi dans l’hémicycle de l’Assemblée dans le cadre de la journée d'initiative parlementaire du groupe Les Républicains, les élus ont largement adopté (135 pour, 8 contre, 20 abstentions) une résolution "invitant le gouvernement à s’inspirer des politiques sanitaires initiées dans d’autres pays, en particulier en ce qui concerne le dépistage systématique“. Ce vote intervient au lendemain de l’annonce de Jean Castex sur BFM TV. Le Premier ministre a indiqué que des expérimentations de dépistage massif allaient avoir lieu dans trois villes françaises. 

"Aller plus loin" que l'expérimentation voulue par Jean Castex

"Nous demandons à aller beaucoup plus loin !" a expliqué le président des députés LR Damien Abad. L’objectif est le même pour tous : éviter un nouveau confinement. Mais à l’approche des fêtes, les méthodes divergent, d’où cette proposition de résolution. "Son objectif est précis et ciblé", a assuré l’élu de l’Ain, qui n’a pas hésité à citer le rapport de la commission d’enquête Covid-19, pour dénoncer "une politique de tests très erratique".

Il s’agit de faire un test avant et après les fêtes pour protéger les personnes les plus vulnérables et pour éviter une troisième vague Damien Abad, le 3 décembre 2020.

L’ensemble de la gauche – insoumis, communistes, socialistes – s’est montrée favorable à la proposition de résolution. "Nous la croyons utile pour le pays" a dit le président du groupe La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon. Alors que la crainte d’une troisième demeure et que, selon lui, "aucune alternative au confinement n’a été pensée ou planifiée, le texte des collègues LR est opportun en même temps qu’il est important et intéressant", a justifié l’élu des Bouches-du-Rhône.

Le gouvernement dit non : "L'efficacité doit être notre seule exigence aujourd'hui"

Le secrétaire d'État à l'enfance et la famille, Adrien Taquet, a répondu que la France était déjà "parmi les pays les plus testant au monde", avec un objectif de plus de deux millions de tests par semaine atteint à l'automne. Selon lui, la stratégie d’un dépistage massif et régulier est "séduisante"…. "Mais sur le papier seulement". Il ne s'est cependant pas opposé explicitement à la proposition de résolution. 

"Un dépistage systématique tel qu'évoqué comporte trop de contraintes pour être efficace, et l'efficacité doit être notre seule exigence aujourd'hui", a-t-il ajouté. L’Allemagne, la Corée du Sud et les autres exemples évoqués par les députés n'ont pas convaincu, Adrien Taquet, qui a souligné que la stratégie choisie par ces pays soulevait "beaucoup de questions" et avait "rendu beaucoup d'experts dubitatifs". 

Surtout, la fiabilité des tests (qui peut entraîner un nombre conséquent de faux négatifs dans une stratégie globale) ne permettrait pas selon Adrien Taquet d'avoir un réel impact sur le contrôle du virus. Cet argument a été repris par plusieurs orateurs de la majorité, dont Brahim Hammouche, député MoDem. L’élu voit dans cette proposition de résolution "un texte inefficace en termes de santé publique" et "décalé, inutile et incertain", à l’heure où les débats se concentrent sur la stratégie de vaccination.

"Quand on nous dit que la moitié des tests sont des faux-négatifs, tant pis !" a lancé Damien Abad. "Mieux vaut en avoir un test sur deux que zéro sur deux. On diminue quoi qu’il arrive la circulation du virus", a-t-il avancé.

La crainte d'une troisième vague après les fêtes

Du côté du groupe de La République en marche, Michèle Peyron a critiqué "une vision idéalisée du dépistage massif" contenue dans le texte rédigé par Les Républicains, tout en annonçant que ses collègues marcheurs "ne s'y opposeraient pas". Les députés du groupe majoritaire estiment que la proposition de résolution est "déjà satisfaite" après les annonces de Jean Castex. Lors du scrutin, les députés LaREM se sont partagés entre vote pour et abstention.  

Dans l'attente de la mise en place d'une campagne de dépistage massif à Lille, à Saint-Etienne et au Havre, les députés les plus convaincus par ce texte ont voulu envoyer un signal au gouvernement à l'approche de Noël et de la Saint-Sylvestre. "On voit bien ce qui est en train d’arriver : de grands rassemblements le 25 et le 31", s'est inquiété Joël Aviragnet (PS). "La conséquence va être un reconfinement, il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour le supposer", a-t-il prévenu.  Pour l'éviter, il faut donc tester, plaide l'élu de Haute-Garonne.

Autre argument des partisans de cette résolution : cette campagne de tests permettrait, selon eux, de préparer la stratégie de vaccination, dont le Parlement devrait débattre avant Noël en application de l’article 50-1 de la Constitution.