Intervenant à l'Assemblée nationale lors d'un débat sur la campagne de vaccination contre le Covid-19, le ministre de la Santé a défendu ce lundi soir le recours à des "vaccinodromes". Face aux critiques de certains élus, qui auraient souhaité un déploiement plus précoce, Olivier Véran a affirmé qu'il n'avait jamais été opposé, sur le fond, à l'utilisation de ces mégacentres de vaccination.
Un virage assumé. Devant les députés, le ministre des Solidarités et de la Santé a défendu l'évolution du gouvernement concernant la mise en place de "vaccinodromes" à compter du mois d'avril. "Le principe que j'ai soutenu et que je revendique, c'était celui de ne pas sacrifier la proximité sur l'autel de l'efficacité", a soutenu Olivier Véran, lors d'un débat sur la stratégie vaccinale contre l'épidémie de Covid-19, organisé ce lundi 22 mars à la demande du groupe Libertés et territoires.
Selon lui, privilégier le déploiement de 1.000 centres de taille plus réduite, davantage répartis sur le territoire, était un "gage de proximité" pour vacciner une population âgée et isolée. Au contraire, le ministre a critiqué la décision de certains États d'avoir choisi de mettre en place seulement quarante centres plus importants, forçant les personnes âgées à de longs déplacements et à "attendre deux heures dans le froid de l'hiver" pour y recevoir la précieuse injection.
Dès lors que la France doit recevoir des livraisons massives de doses dans les semaines à venir, il était logique de faire évoluer cette stratégie, en déployant au moins 35 de ces vaccinodromes dans le pays, a expliqué Olivier Véran, qui s'est défendu de tout "dogme" envers ces structures. Il a au contraire souligné la "complémentarité" entre les différents centres, qui doivent aboutir, à moyen terme, à atteindre 400.000 à 500.000 vaccinations par jour. Les vaccinodromes doivent à eux-seuls permettre de vacciner plusieurs milliers de personnes chaque jour, sous la responsabilité des sapeurs-pompiers ou des militaires.
S'il s'est félicité de cette décision, François-Michel Lambert (Libertés et territoires) a regretté qu'elle vienne tardivement, alors qu'il y avait "déjà eu des propositions en janvier", notamment à Paris et Marseille. Selon le député, cette volte-face illustre en creux, le manque de coordination entre l'exécutif d'une part et les élus et acteurs locaux d'autre part. "Peut-on enfin travailler ensemble ?", a-t-il demandé au ministre.
Un constat partagé par Alain David (PS), qui s'est étonné que le gouvernement ait "tant attendu" pour faire évoluer sa stratégie en la matière. "Les centres de vaccination géants ont longtemps été honnis par votre gouvernement", a déploré le député de la Gironde, tout en regrettant le manque d'informations données par l'exécutif.
Olivier Véran a plus largement défendu la stratégie vaccinale mise en œuvre par le gouvernement, après un début de campagne jugée poussive au début de l'année. Selon lui, 10,8 habitants majeurs sur 100 ont été vaccinés en France, contre 10,7 pour l'Espagne, 10 pour l'Allemagne et 9 pour l'Italie. Les voisins européens sont désormais dans un "mouchoir de poche", s'est-il félicité, jugeant que la France n'accusait désormais plus de retard.
L'âge moyen du patient vacciné en France est plus élevé que chez la plupart de nos voisins. Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé
Plus de 90 % des résidents d'Ehpad ont été vaccinés, tandis que près de la moitié des personnes âgées de 75 ans et plus ont reçu au moins une dose, a complété le ministre de la Santé. "Notre objectif est de protéger les plus fragiles", a-t-il martelé, justifiant ainsi la ligne du gouvernement d'ouvrir progressivement la campagne, catégorie d'âge après catégorie d'âge.