Le Premier ministre continue de consulter les forces politiques représentées à l'Assemblée nationale, en vue de former un gouvernement et d'obtenir un accord de non-censure. Après les représentants du Rassemblement national, de Renaissance, du Parti socialiste et des Républicains, qui ont été reçu lundi 16 décembre, puis ceux des Ecologistes, du MoDem, d'Horizons, de LIOT et du Parti communiste, qui ont été reçu mardi, François Bayrou reçoit, ce mercredi, l'Union des droites pour la République.
Le tour de table se poursuit à Matignon. Après ses entretiens avec les représentants du Rassemblement national, de Renaissance, du Parti socialiste et des Républicains, lundi 16 décembre, François Bayrou a poursuivi ses consultations, mardi 17 décembre, en recevant les responsables des Ecologistes, du MoDem, d'Horizons, de LIOT et du Parti communiste. Et il continue se mercredi en recevant notamment l'Union des droites pour la République.
Premiers à être reçus pour cette deuxième journée de consultations, Les Ecologistes n'ont pas caché leur scepticisme à l'issue de leur entretien avec le Premier ministre. "On ressort extrêmement inquiets, déstabilisés. Nous avions face à nous un Premier ministre qui a plus parlé de Pau que de la France", a affirmé la présidente du groupe "Ecologiste et social" de l'Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain.
"On l'a vu peu à peu paver le chemin vers sa propre censure. Il n'a su clairement répondre à aucune de nos questions", que ce soit en matière de retraites, de politique salariale, ou de lutte contre la crise climatique, a-t-elle déclaré. Et d'ajouter : "Les seules indications qu'il donne font présager de la reconduction de la politique de Michel Barnier."
La secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, est pour sa part revenue sur la volonté de François Bayrou de relancer le débat sur non-cumul des mandats. "Personne n'a compris le message", a-t-elle déploré. "Si ce qu'a voulu faire M. Bayrou hier est de démontrer l'intérêt du cumul des mandats, qu'il pouvait avoir une jambe à Matignon, une jambe à Pau, et que grâce au Falcon, tout cela était compatible, (...) ça a été à contre-emploi", a-t-elle cinglé.
La tonalité a été bien différente à la sortie du président du groupe "Les Démocrates", Marc Fesneau : "On doit trouver les voies à la fois de la réconciliation et de la stabilité", a considéré le député MoDem. "Cela nécessite de la clarté entre les parlementaires de groupes qui, quand bien même ils n'appartiendraient pas au gouvernement (...) ont envie que le pays avance et que le pays soit doté d'un budget", a-t-il souligné.
Issu de la formation politique que le Premier ministre, Marc Fesneau a assuré que François Bayrou allait tenter de former un gouvernement d'ici à la fin de la semaine. "Il a pris un certain nombre de contacts, avec une volonté qui est la sienne, c'est ni du symbolique pour faire du symbolique, ni du débauchage parce que ça conviendrait", a-t-il expliqué. "La question, c'est de ne pas affaiblir les [opposants], c'est de les emmener avec lui dans un certain nombre de politiques publiques qu'on souhaite mener."
Le chef de file des députés MoDem a également indiqué que François Bayrou devait rencontrer le président de la République, Emmanuel Macron, ce mardi midi, pour évoquer une "architecture de démarrage" pour le futur gouvernement.
En fin de matinée, ce sont les représentants d'Horizons, le parti d'Edouard Philippe qui ont été reçus à Matignon. "Nous avons répété ce à quoi nous sommes prêts, c'est-à-dire participer à la stabilité politique, sur des bases claires et saines", a confié à sa sortie le président du groupe "Horizons" de l'Assemblée, Laurent Marcangeli. "Et participer à un exercice très compliqué, qui sera celui de doter la France d'un budget dans les prochaines semaines."
"La stabilité institutionnelle du pays, de la Ve République, est mise en cause de plus en plus par un certain nombre de groupes d'opposition", a pour sa part déploré Claude Malhuret, président du groupe "Les Indépendants" du Sénat. "On ne jouera pas à ce jeu dangereux.", a-t-il déclaré.
Mardi en fin de journée, François Bayrou a reçu tour à tour les représentants du groupe "Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires" de l'Assemblée, ainsi que les représentants du Parti communiste et du groupe "Gauche démocrate et républicaine".
Stéphane Lenormand (LIOT) a décrit "un échange extrêmement cordial, vif sur l'ensemble des sujets", et mu par la "nécessité de donner de la stabilité à notre pays". "Notre démarche est simple, il faut que le navire France continue à avancer, que l'Assemblée nationale puisse travailler au service des Françaises et des Français", a-t-il estimé, rejetant d'emblée l'hypothèse que son groupe puisse censurer prochainement le nouveau Premier ministre.
Les responsables du Parti communiste n'ont, en revanche, pas exclu cette possibilité, indiquant qu'ils se prononceraient en fonction de la déclaration de politique générale annoncée pour le 14 janvier. "Nous constatons que nous sommes aujourd'hui face à des choix qui nous placent dans l'opposition, mais nous nous battrons", a déclaré le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
Le chef de file du groupe "Gauche démocrate et républicaine", au sein duquel siège les députés communistes, André Chassaigne, a indiqué que François Bayrou n'avait pas répondu sur son intention de solliciter, ou pas, un vote de confiance de l'Assemblée nationale à l'issue de sa déclaration de politique générale. Il a, par ailleurs, fait savoir que son groupe défendait la présentation dans les plus brefs délais d''un projet de loi qui permettrait de prendre des dispositions d'ordre économique, fiscal, social pour gérer l'urgence, et ne pas attendre le projet de loi de finances".
Mercredi matin, Eric Ciotti a été consulté à son tour, indiquant à l'issue de son entretien avec le Premier ministre que celui-ci avait été "constructif". Le président du groupe UDR à l'Assemblée nationale a dit avoir fait part de ses priorités à François Bayrou, à savoir "ne pas accabler les Français d'impôts", "engager une vraie politique de baisse des dépenses publiques", ou encore "des textes, ou un grand texte, qui améliore la gestion des flux migratoires, qui les limite en tout cas".
Eric Ciotti a également plaidé pour que le projet de loi de finances soit soumis aux parlementaires "dès début janvier, pour régler les problèmes consécutifs à l'absence du budget, notamment l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu".