Le gouvernement qui inaugure le deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron a été dévoilé, vendredi 20 mai, en fin d'après-midi. Parmi les nouveaux ministres nommés autour d'Élisabeth Borne figurent quatre députés sortants, dont trois issus de la majorité et un, Damien Abad, issu des Républicains.
Il est le transfuge de la nouvelle équipe gouvernementale. La veille du remaniement, le député Les Républicains de l'Ain avait livré dans un entretien au Figaro sa décision de quitter la présidence de son groupe à l'Assemblée nationale. À la tête du principal groupe d'opposition depuis 2019, Damien Abad était sommé par ses collègues de clarifier sa position suite à la publication d'un tweet félicitant de façon appuyée le président de la République après sa réélection et à la décision de la majorité présidentielle de ne pas investir de candidat face à lui pour les élections législatives. Une donnée non négligeable, qui lui garantit quasiment une victoire, là où le fait de perdre dans les urnes s'avère toujours hautement périlleux pour un ministre à peine nommé.
D'abord membre de l'UDF puis du Nouveau Centre, Damien Abad avait rejoint l'UMP en 2012. Député européen puis conseiller régional de Rhône-Alpes, il est élu député en 2012. En 2019, il remplace Christian Jacob à la tête des députés Les Républicains.
Celui qui "reste un homme de droite", selon ses propres mots dans Le Figaro, est nommé au ministère des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées. "Très honoré d’être appelé à servir la France auprès d’E.Macron et d’E. Borne", a-t-il aussi tweeté quelques minutes après l'annonce du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, avant de poursuivre : "Dépasser les clivages pour changer la vie de millions de Français : c’est le sens de mon engagement et j’y consacrerai toute mon énergie en tant que Ministre des Solidarités".
Député sortant et délégué général de La République en marche, cet ancien compagnon de route de Dominique Strauss-Kahn au Parti socialiste a fait partie des premiers à rejoindre Emmanuel Macron dès 2015. Il est candidat à sa réélection dans la 3ème circonscription de Paris.
Au micro de France Info le 18 mai, Stanislas Guérini avait défendu l'investiture du candidat "Ensemble !" Jérôme Peyrat, affirmant ne pas le croire "capable de violences sur les femmes", après qu'il ait été condamné pour violences conjugales. Un peu plus tard dans la journée, ce dernier avait finalement annoncé le retrait de sa candidature. "Je mesure que les propos que j'ai tenus ce matin sur France Info (...) ont pu heurter et blesser", a ensuite tweeté Stanislas Guerini, ajoutant que "pour ne laisser aucune place à l’ambiguïté sur nos engagements, j'ai échangé avec Jérôme Peyrat ce jour, et nous avons convenu ensemble qu'il retire sa candidature".
Une mauvaise séquence qui n'a pas empêché ce fidèle du Président d'accéder au gouvernement en étant nommé au ministère de la Transformation et de la Fonction publique.
En 2017, l'élection de Yaël Braun-Pivet à la tête de la prestigieuse commission des lois de l'Assemblée nationale dès son premier mandat de députée avait été une surprise. Depuis, cette avocate en droit pénal reconvertie dans le milieu associatif a été en première ligne sur tous les fronts : de l'affaire Benalla à la crise sanitaire en passant par les textes sur la sécurité et la justice.
Rapporteure du projet de loi pour la confiance dans la vie politique au début du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, elle fait de la question carcérale un axe majeur de sa présidence à la commission des lois. En tant que présidente de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet s'est plusieurs fois déplacée en Outre-mer, en Guadeloupe et Martinique notamment. Elle a aussi été rapporteure d’une mission d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie en 2021.
Son intérêt pour le Perchoir de l'Assemblée nationale a circulé ces derniers mois, alors qu'elle avait envisagé de succéder à François de Rugy en 2018, lorsque Richard Ferrand est finalement devenu président de l'Assemblée nationale. Candidate à sa succession dans la 5e circonscription des Yvelines, elle commence finalement le second quinquennat d'Emmanuel Macron en tant que ministre des Outre-mer.
La députée sortante de Guadeloupe, apparentée au groupe MoDem, est notamment connue à l'Assemblée nationale pour avoir été rapporteure en 2019 de la commission d'enquête sur la pollution au chlordécone dans les Antilles. A l'issue des travaux de la commission, elle avait indiqué que l'Etat était le "premier responsable" de cette pollution pour avoir autorisé la vente de ce produit, tout en pointant aussi des responsabilités "partagées" par les acteurs économiques. Son rapport plaidait notamment pour le versement de réparations.
Elle a par ailleurs fait adopter en 2021 une proposition de loi rénovant la gouvernance du service public d'eau potable et d'assainissement en Guadeloupe. Elle est désormais en charge de la mer dans le premier gouvernement d'Elisabeth Borne.