Barbara Pompili : "Le groupe EDF est public, il le restera"

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Barbara Pompili portrait
par Soizic BONVARLET, le Jeudi 4 février 2021 à 11:51, mis à jour le Lundi 8 février 2021 à 11:19

La ministre de la Transition écologique est revenue, jeudi 4 février, sur le "projet Hercule", dans le cadre d'une audition conjointe de la commission des affaires économiques et de de la commission du développement durable. Face aux inquiétudes de certains députés et alors qu'une mobilisation avait lieu au même moment aux abords de l'Assemblée à l'appel des syndicats, Barbara Pompili a martelé qu'il ne s'agissait "ni de démanteler, ni de privatiser EDF".

Déjà entendue par la commission des affaires économiques le 17 septembre dernier, sur les enjeux énergétiques du projet baptisé Hercule, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, est revenue plus largement sur l'avenir d'EDF, tenant à rassurer ceux qui craignent une privatisation, à plus ou moins long terme, du fleuron national de l'électricité.

Il faut dire que ce projet de restructuration d’EDF en trois entités, justifié à la fois par les difficultés financières du groupe, le vieillissement du parc nucléaire et le défi de la transition énergétique, a fait naître chez les personnels la crainte d'une privatisation de certaines activités, provoquant plusieurs grèves à la fin de l'année dernière.

De cette scission naîtraient trois entreprises, la première détenue à 100 % par l'Etat, regroupant l'ensemble des activités nucléaires, ainsi que le gestionnaire de réseau du transport d'électricité (RTE). Une autre, contrôlée par l'Etat, mais ouverte aux capitaux privés, chapeauterait les activités commerciales du groupe, le réseau de distribution Enedis et les énergies renouvelables. Enfin, une dernière filiale dont les modalités ne sont pas encore tranchées serait, selon toute vraisemblance, dédiée aux activités hydrauliques.

Des négociations en cours avec l'Union européenne

"Sur ce projet Hercule, j’ai entendu et lu beaucoup de contre-vérités", a déclaré la ministre, "tant sur nos objectifs que sur les enjeux liés à la production d’électricité et à la transition écologique". Barbara Pompili a ainsi justifié les négociations en cours avec la Commission européenne par la volonté de garantir le financement du parc nucléaire existant et de préserver EDF en tant que géant de l'énergie, compétitif et prêt à relever les défis qui incombent à un grand fournisseur d'électricité européen. Actuellement, la plus grande part des capacités d'investissement du groupe est captée par l'entretien et la modernisation de son parc nucléaire, laissant peu de marge pour les énergies renouvelables, solaire et éolienne. "Je refuse que notre pays et EDF soient sur le banc de touche de la transition écologique", a pour cette raison déclaré la ministre.

Aussi, afin d'assouplir le cadre réglementaire pour la vente de l'électricité nucléaire produite par EDF, la ministre a exprimé la nécessité de donner des gages à l'Union européenne. "Elle demandera à avoir la garantie que cette nouvelle régulation ne s’applique bien qu’à l’activité de production nucléaire, et pas aux autres activités, qu’il n’y aura pas de subventions croisées", a-t-elle aussi indiqué, justifiant la scission du groupe. "Il ne s’agit en aucun cas de démanteler, ni de privatiser EDF", a poursuivi la ministre, "le groupe EDF est public, il le restera, c’est un engagement".

"Rien de caché, ni dans les manches, ni dans les tiroirs"

Des propos qui n'ont pas suffi à rassurer un certain nombre de députés, qui sur la méthode, dénoncent un manque de transparence de la part du gouvernement, et la quasi-absence de prise en compte du Parlement. "Vous négociez en catimini", a ainsi accusé le député communiste Sébastien Jumel, avant de suggérer la recapitalisation d'EDF par l'Etat afin de répondre à ses difficultés budgétaires.

Du côté de La France insoumise, Loïc Prud'homme a dénoncé un projet dont le seul but serait, d'après lui, de transformer EDF en véritable "vache à lait". "D’un côté l’Etat, c’est-à-dire chacun d’entre nous, paiera les frais lié au nucléaire, véritable gouffre financier, puisque cette partie-là restera publique (…) D’un autre côté, et en même temps, le secteur privé aura accès à tout ce qui est rentable, c’est-à-dire le secteur des énergies renouvelables et des barrages hydroélectriques". Mathilde Panot (LFI) a abondé dans le même sens que son collègue, accusant le Projet Hercule de "socialiser les pertes, et de privatiser les profits".

La ministre de la Transition écologique a répondu en qualifiant la solution apportée par la recapitalisation de "conjoncturelle", là où l'exécutif s'est, selon elle, mis en tête de trouver "une solution structurelle". Barbara Pompili a, par ailleurs, fait foi de transparence devant les députés, réaffirmant qu'il n'y avait "rien de caché, ni dans les manches, ni dans les tiroirs", et indiqué qu'elle souhaitait qu'un projet de loi "spécifique" relatif à l'avenir d'EDF soit soumis à l'approbation des députés "avant la fin du quinquennat".