Auditionné par la commission des affaires économiques ce mercredi, Henri Poupart-Lafarge a dû s'expliquer au sujet de la vente de l'usine alsacienne, condition au feu vert de la commission européenne pour le rachat de Bombardier.
Pour voir son projet de rachat du canadien Bombardier accepté par Bruxelles, l'entreprise Alstom propose de se séparer de son usine de Reichshoffen, en Alsace. Il s'agit en fait d'éviter une position dominante sur certains marchés, qui pourrait être sanctionnée par le droit de la concurrence européen.
Les députés de chaque groupe n'ont pas caché leur inquiétude au sujet de la cession de ce site qui emploie 780 salariés. Dominique Potier (PS) a voulu témoigner de sa "solidarité avec les salariés et les familles menacés par le mécano capitalistique qui s'annonce". Le communiste Fabien Roussel a, quant à lui, tenu à exprimer sa "colère".
Les parlementaires reprochent à la commission européenne de vouloir mettre "des bâtons dans les roues" à l'entreprise française. "On a là une anomalie, souligne Thierry Benoît (UDI), on a un leader mondial qui doit se défaire d'un site industriel emblématique dans notre pays".
"Quand le patriotisme économique commence par dire qu'on va larguer une ville en France, moi je ne pige plus du tout !", s'est exclamé François Ruffin (LFI), qui dénonce "la logique absurde de la commission européenne" et qui craint que la vente du site soit suivie de licenciements.
"Je vous trouve extrêmement résigné", a lancé l'élu de la Somme au patron d'Alstom.
Roland Lescure (LaREM) a proposé à ses collègues d'écrire à la commission européenne au sujet des règles de la concurrence qui poussent aujourd'hui le géant français à se séparer de l'un de ses sites.
"Suis-je résigné ? La réponse est oui !", a répondu Henri Poupart-Lagarge. "Il y a un droit de la concurrence. Moi en tant que patron d'une entreprise, je n'ai pas le pouvoir de changer le droit de la concurrence."
Henri Poupart-Lafarge rappelle toutefois que l'on ne ferme pas l'usine, même s'il reconnaît une "période d'incertitude". Face au risque de licenciements, il tente de rassurer : "Il n'y a pas que des exemples négatifs de reprise de groupe."
En revanche, la nécessité de miser sur le train a mis d'accord les députés et le PDG d'Alstom, qui s'est dit favorable à l'interdiction de l'avion pour les trajets de moins de quatre heures.
"Nous voilà alliés de circonstance !", s'est réjoui François Ruffin (LFI). "C'est inattendu, on a un écolo à la tribune", a-t-il poursuivi, avec une pointe d'ironie.
Henri Poupart-Lafarge a par ailleurs fait savoir que le secteur du ferroviaire était lui aussi touché par la crise et regrette que les projecteurs aient surtout été braqués sur l'automobile et l'aéronautique.