Devant la commission des affaires sociales, le ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, a présenté la réforme qui doit, selon lui, notamment permettre de répondre aux "difficultés de recrutement" de plusieurs secteurs économiques. Les députés de la Nupes et du RN dénoncent une "politique injuste".
"Je crois que le travail peut rendre heureux." Mardi 13 septembre, devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, le ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, Olivier Dussopt, a rappelé la "feuille de route" du gouvernement : parvenir au "plein-emploi". Un objectif "crédible, atteignable, à condition de poursuivre nos efforts", a déclaré le ministre, venu présenter la nouvelle réforme de l'assurance-chômage.
Le texte, présenté en Conseil des ministres le 7 septembre, prolonge dans un premier temps les règles actuelles d'indemnisation des chômeurs jusqu'au 31 décembre 2023. Il doit aussi introduire une nouveauté : une "réversibilité" des règles en fonction de la conjoncture économique. En clair, Olivier Dussopt souhaite "faire en sorte que lorsque la conjoncture est très bonne, les règles soient plus incitatives et à l'inverse, lorsque la croissance ralentit, que les protections soient plus fortes". Une façon pour le gouvernement de répondre aux "difficultés de recrutement" que rencontrent actuellement plusieurs secteurs économiques.
Concrètement, quand la situation économique sera jugée positive, la durée d'indemnisation du chômage pourrait par exemple diminuer. Le montant de l'indemnité chômage ne devrait, en revanche, pas être modifié : "Le gouvernement ne souhaite pas que ce critère fasse l'objet de modulation", a précisé Olivier Dussopt devant les députés. Le ministre souhaite ouvrir une concertation avec les partenaires sociaux pour sélectionner les différents critères déclenchant cette modulation, mais aussi définir les conséquences précises de cette modulation pour les chômeurs.
L'ensemble des syndicats nationaux et les principales associations de jeunesse ont d'ores et déjà critiqué dans un texte commun la réforme, jugée "inefficace" et "profondément injuste". Selon eux, elle "risque d’accentuer la précarité notamment de jeunes, alors que seul le taux de chômage de ces derniers a augmenté de 1.3 point ce trimestre".
En commission des affaires sociales, la réforme a été critiquée par Laure Lavalette (Rassemblement national), qui a dénoncé une politique "injuste". L'élue estime que les mesures annoncées ne "ramèneront pas les chômeurs vers l'emploi" : "Les chômeurs ne sont pas des individus qu'il convient de ramener au travail avec brutalité", a encore déclaré la députée, qui juge plutôt nécessaire de les "accompagner vers des métiers valorisants correspondants aux qualifications des candidats et attractifs".
Les élus de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) ont également mis en cause la réforme à venir. Jean-Hugues Ratenon (La France insoumise) a ainsi dénoncé "le choix de toucher les plus précaires et les plus pauvres d'entre-nous", tandis qu'Arthur Delporte (Socialistes) a évoqué une "vision déconnectée des 41% des inscrits à Pôle emploi qui ne sont pas indemnisés". "Nous ne voulons pas de droits yo-yo parce que la protection sociale n'est pas une variable d'ajustement de la conjoncture économique", a quant à lui expliqué Pierre Dharréville (Gauche démocrate et républicaine).
A droite, Stéphane Viry (Les Républicains) a profité de l'audition pour demander une "remise à plat de notre système". Et au sein de la majorité, Monique Iborra (Renaissance) a salué l'"ambition légitime" du gouvernement et d'Olivier Dussopt.
Par ailleurs, le ministre a réitéré la volonté de l'exécutif d'imposer aux allocataires du Revenu de solidarité active (RSA) "15 à 20 heures d'activité d'insertion et de formation par semaine". Une mesure qu'Emmanuel Macron s'était engagé à mettre en œuvre pendant la campagne présidentielle : "On est très loin de l'idée du travail obligatoire", a souligné Olivier Dussopt. Ces heures devront permettre le "retour à l'emploi", a expliqué le ministre, qui précise qu'elles devront être "adaptées, personnalisées" et "tenir compte des empêchements des uns et des autres". Une expérimentation sera menée "dès cet automne" dans "une dizaine de bassins d'emplois".