"Assemblée plurielle" contre "alliance du déshonneur" : entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, bras de fer pour une majorité

Actualité
Image
Portraits de Jordan Bardella et Gabriel Attal
Portraits de Jordan Bardella et Gabriel Attal, Crédit Joel Saget/AFP.
par Soizic BONVARLET, le Mardi 2 juillet 2024 à 16:25, mis à jour le Mardi 2 juillet 2024 à 16:43

En campagne pour le second tour des élections législatives, Gabriel Attal et Jordan Bardella s'affrontent par micros interposés. Le Premier ministre plaide pour une "Assemblée plurielle" afin de faire barrage au Rassemblement national, tandis que le président du RN continue de demander aux électeurs de lui donner une "majorité absolue".

A quelques jours du second tour des élections législatives, le bras de fer entamé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale entre l'actuel Premier ministre, Gabriel Attal, et le président du RN, Jordan Bardella, qui espère lui succéder à Matignon, se poursuit. Sur le terrain et par médias interposés. 

Alliance "contre-nature"

Sur le plateau de TF1 lundi soir, Jordan Bardella a fustigé "une alliance du déshonneur" et "contre-nature entre Monsieur Mélenchon et Monsieur Macron", dénonçant ainsi les nombreux désistements opérés, selon les circonscriptions, par des candidats d'Ensemble ou du Nouveau Front populaire, dans le but d'empêcher le Rassemblement national d'obtenir une majorité absolue au Palais-Bourbon. Et le président du RN de résumer l'enjeu du second tour des législatives à un choix entre "Jean-Luc Mélenchon Premier ministre" et "l'alternance raisonnable, responsable" que lui-même incarnerait.

Je suis assez surpris de voir un président venir au secours d’une mouvance d’extrême violence, qui appelle à l’insurrection, qui veut, envers et contre tout, organiser le désordre dans la société française. Jordan Bardella

Jordan Bardella a, par ailleurs, réaffirmé qu'il n'irait pas à Matignon par "gloriole personnelle", et il a de nouveau appelé les électeurs à lui donner une majorité absolue. "Je veux dire aux Français que pour engager le redressement du pays, j'ai besoin de leviers politiques et j'ai pour cela besoin d'une majorité absolue. J'ai besoin que le peuple français reste mobilisé, qu'il m'accorde plus de 289 députés sur lesquels je pourrais m'appuyer pour bâtir le redressement du pays que je crois urgent et nécessaire pour tous les Français", a-t-il argumenté.

Sans néanmoins fermer la porte au cas où cette majorité absolue lui échapperait de peu... Le président du RN a estimé qu'il n'était "pas impensable", "que des députés élus sous d'autres couleurs, divers droite, républicains, acceptent (...) de voter la confiance". De la même façon, Marine Le Pen a évoqué, ce mardi matin sur France Inter, une majorité relative de "270 députés", qui pourrait être complétée avec des soutiens, pour que sa formation politique accepte de former un gouvernement de cohabitation.  

Voter "contre" sans vraiment voter "pour" ?

Sur le terrain à la rencontre des Parisiens un peu plus tard dans la journée, Gabriel Attal a pour sa part réitéré la consigne de désistement aux candidats de la coalition présidentielle dans les circonscriptions où ils sont arrivés en troisième position et où le Rassemblement national est en mesure de l'emporter. Outre la volonté de barrer la route du pouvoir au parti présidé par Jordan Bardella, le Premier ministre espère ainsi favoriser l'émergence d'"une Assemblée plurielle, avec différentes forces politiquesqui pourraient, le cas échéant, se mettre d'accord sur l'essentiel, afin de contrer le RN. C'est dans cet esprit que le gouvernement a d'ores et déjà annoncé la suspension de la réforme de l'assurance chômage. 

Tweet URL

"Le RN porte un projet aux antipodes des valeurs de la République" a, une fois de plus, déclaré le Premier ministre, ajoutant qu'"aujourd'hui, seule l'extrême droite est en mesure d'avoir une majorité absolue dans l'Assemblée nationale. LFI, le Nouveau Front populaire, ne peuvent pas, quoi qu'il arrive, avoir une majorité absolue". Et de conclure : "Désistement ne veut pas dire ralliement (...) dans certaines circonscriptions, il faut voter, non pas pour un candidat mais contre le Rassemblement national".