Accusé de propos racistes, un député du RN provoque la suspension des questions au gouvernement

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Carlos Bilongo
par Soizic BONVARLET, le Jeudi 3 novembre 2022 à 17:25, mis à jour le Vendredi 4 novembre 2022 à 08:09

Fait exceptionnel, la séance des questions au gouvernement a été suspendue avant son terme, jeudi 3 novembre, suite à des propos du député du Rassemblement national, Grégoire de Fournas. "Qu'ils retournent en Afrique" ou "Qu'il retourne en Afrique" a lancé le député RN dans l'hémicycle alors que le député La France insoumise Carlos Martens Bilongo posait une question sur le "drame de l'immigration clandestine". 

C'est un fait rare. L'interruption d'une séance de questions au gouvernement, sans reprise à l'issue de cette suspension. Selon les services de l'Assemblée nationale, un tel événement est arrivé une dizaine de fois depuis 1958. L'incident qui a provoqué cet évènement est survenu un peu avant 17 heures, jeudi 3 novembre, en raison des propos tenus dans l'hémicycle par un député du Rassemblement national, jugés inacceptables par l'ensemble des bancs.

"Ne vous en déplaise, leurs vies comptent", avait initié Carlos Martens Bilongo alors qu'il posait une question liée aux migrants en danger de mort lorsqu'ils tentent la traversée de la Méditerranée, et en particulier ceux récemment secourus par le navire humanitaire "Ocean Viking", qui attend actuellement de pouvoir débarquer en Europe. Alors que le député achevait sa question, des mots fusent dans l'hémicycle. S'ensuit un brouhaha généralisé, et de vives protestations venant en particulier des bancs de la gauche. "Quel est le député qui vient de prononcer cette phrase ?", interroge Yaël Braun-Pivet, alors que les membres de La France insoumise s'écrient en chœur et à plusieurs reprises : "Dehors !". La présidente décide alors de prononcer "une suspension de séance de cinq minutes".

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À la reprise, elle indique finalement que la séance est définitivement levée jusqu'au lendemain et que l'incident sera mis à l'ordre du jour du prochain bureau de l'Assemblée nationale, avancé en raison des événements au vendredi 4 novembre à 14h30, alors que la prochaine réunion de cette instance aurait dû avoir lieu le 9 novembre. Le député mis en cause s'expose lors de ce bureau, composé de députés de tous les groupes en proportion de leur représentation au sein de l'Assemblée, à une sanction disciplinaire. "Nous allons pouvoir établir la matérialité des faits", a indiqué Yaël Braun-Pivet en sortant de l'hémicycle.

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"On a tous entendu 'il retourne en Afrique', 'qu'il retourne en Afrique'", a réagi Sylvain Maillard (La République en marche) au micro de LCP, nommant l'élu du Rassemblement national Grégoire de Fournas et estimant que celui-ci "parlait du député qui prenait la parole à ce moment-là". Même constat de la part de la députée de La France insoumise, Clémentine Autain.

"Aujourd'hui, on m'a renvoyé à ma couleur de peau. Je suis né en France, je suis député français", a déclaré Carlos Martens Bilongo au sortir de l'hémicycle, entouré par ses collègues de La France insoumise. "On voit la vraie face du Rassemblement national. C'est honteux", a-t-il ajouté, refusant de prononcer les propos incriminés.

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Le Rassemblement national se défend d'avoir visé le député ad hominem

Les propos, et surtout l'intention qui leur a été prêtée, ont été immédiatement contestés par Grégoire de Fournas, qui prétend avoir prononcé la phrase "Qu'il retourne en Afrique", en référence au bateau transportant les exilés évoqué dans la question de Carlos Martens Bilongo. Le député du Rassemblement national a, par ailleurs, accusé La France insoumise de "manipulation" et de "dénaturer" ses propos, avant d'évoquer, s'agissant de son collègue, "un député de la nation aussi légitime que moi à siéger sur ces bancs".

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Réitérant cette justification dans un courriel adressé directement à Carlos Martens Bilongo, Grégoire de Fournas, sans toutefois s'excuser, s'est dit "navré" de "l'incompréhension" suscitée par ses propos. "Je n'aurais jamais prononcé ni toléré une quelconque déclaration raciste ou insulte à votre égard", assure-t-il dans ce message écrit à son collègue.

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Mail Grégoire de Fournas

"Le moment est trop grave pour [...] faire l'exégèse de propos racistes", a pour sa part considéré Paul Vannier. "Je suis certain que si un autre député avait posé la même question, un député qui n'a pas la couleur de peau de Carlos Martens Bilongo, qui est un député noir, nous n'aurions pas entendu ces propos abjects venant des bancs du Rassemblement national. Cela signe de mon point de vue l'intention raciste", a aussi ajouté l'élu de La France insoumise, dont le groupe réclame dans un communiqué "la plus haute sanction prévue" par le règlement de l'Assemblée nationale, "soit la censure avec exclusion". Sylvain Maillard a indiqué que son groupe demanderait également "une exclusion".

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L'exécutif dénonce les propos du député RN

"Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie", a martelé la Première ministre alors qu'elle s'apprêtait à quitter l'Assemblée nationale à l'issue de la séance abrégée des questions au gouvernement. Élisabeth Borne s'en remettant pour la suite au bureau de l'Assemblée nationale qui "devra prendre les sanctions qui s'imposent".

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"Du FN au RN, le nom change, mais les références hideuses et les habitudes ignobles restent. Quelle honte", a pour sa part tweeté le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, quelques minutes après les faits, tandis que le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a considéré que "le Front national", avait montré "son vrai visage". Selon son entourage, Emmanuel Macron se serait quant à lui dit "heurté" par les propos de Grégoire de Fournas qualifiés d'"intolérables" par le chef de l’État.