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Soizic BONVARLET, le Vendredi 14 juin 2024 à 11:23, mis à jour le Mercredi 19 juin 2024 à 21:07
À l'issue de quatre jours de négociations, le Parti socialiste, La France insoumise, Les Écologistes et le Parti communiste sont parvenus à un accord pour "un programme de gouvernement" et "des candidatures uniques dans les circonscriptions de France", en vue des élections législatives des 30 juin et 4 juillet prochains. LCP s'est procuré "le contrat de législature" détaillant le socle de mesures communes ratifiées par le "Nouveau Front populaire".
Le Nouveau Front populaire est désormais plus qu'un slogan de campagne, puisqu'il a accouché, jeudi 13 juin au soir, d'un programme et d'un accord stratégique. Dans une déclaration commune diffusée aux alentours du 20 heures, le Parti socialiste, La France insoumise, Les Ecologistes et le Parti communiste ont annoncé qu'une "union" était "scellée", estimant qu'"une page de l'histoire de France s'écrit".
"Nous avons œuvré à un programme politique de rupture avec une déclinaison pour les 100 premiers jours du mandat, des propositions concrètes et réalistes, pour que la vie des Françaises et des Français change, vraiment !", indique le communiqué des formations de gauche. Avant de se montrer unis et déterminés lors d'une conférence de presse organisée vendredi midi à la Maison de la Chimie, durant laquelle les leaders des différentes composantes de l'accord sont revenus sur les mesures-phares de leur programme commun.
Dans le "contrat de législature" que LCP s'est procuré, le Nouveau Front populaire détaille les mesures qu'il souhaite mettre en œuvre, en matière de politique internationale, de pouvoir d'achat, de services publics, de fiscalité et de santé, notamment. Pour trouver les marges de manœuvre nécessaires au financement de leur programme, les partis de gauche écrivent "refuser le pacte de stabilité budgétaire" européen.
"Massacres terroristes du Hamas"
- Les questions internationales, qui ont pour certaines profondément divisé la gauche ces derniers mois, sont mises en exergue dans une partie intitulée "l'urgence de la paix". Posant le principe de "promouvoir une diplomatie française au service de la paix", les partis de gauche font part de leur volonté de "faire échec à la guerre d’agression de Vladimir Poutine" et de "défendre l'Ukraine" par "la livraison d'armes nécessaires" et "l'envoi de casques bleus pour sécuriser les centrales nucléaires".
- "Agir pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza et pour une paix juste et durable" : le document exprime la double-nécessité d'"agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres terroristes du Hamas" et "pour la libération des prisonniers politiques palestiniens". Il clame également l'urgence de "décréter un embargo sur les livraisons d’armes à Israël" et de "reconnaître immédiatement l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël sur la base des résolutions de l’ONU".
- Alors que la qualification des attaques du Hamas, le 7 octobre en Israël, a provoqué de très fortes tensions à gauche - La France insoumise ayant publié un communiqué évoquant "une offensive armée de forces palestiniennes" - celles-ci sont donc qualifiées de "massacres terroristes du Hamas" par le Nouveau Front populaire.
SMIC à 1600€ net et indexation des salaires sur l’inflation
- Sur les rémunérations, les partis signataires proposent l'"augmentation des salaires par le passage du SMIC à 1600€ net, l’indexation des salaires sur l’inflation, la hausse de 10% du point d’indice et l’organisation d’une grande conférence sociale".
- Le Nouveau Front populaire avance, en outre, l'idée d'un "décret de blocage des prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants".
- Est également annoncé l'organisation d'une conférence nationale sur le travail et la pénibilité "visant au rétablissement de la durée effective hebdomadaire du travail à 35 heures, au passage aux 32 heures dans les métiers pénibles ou de nuit immédiatement et son extension par la négociation collective". Un document de travail évoquait aussi "la réduction du temps de travail annuel par une sixième semaine de congés payés", mais cette phrase ne figure pas dans le document final.
Objectif du "droit à la retraite à 60 ans"
- Le contrat de législature réaffirme "l’objectif commun" du "droit à la retraite à 60 ans", souhaitant "abroger immédiatement par le décret d'application la réforme d’Emmanuel Macron passant l’âge de départ à la retraite à 64 ans".
- Il propose également l'"indexation du montant des retraites sur les salaires".
- Est indiquée l'intention d'"annuler les réformes Macron de l’assurance chômage".
ISF renforcé avec un volet climatique
- Les partis de gauche se prononcent d'une seule voix pour "accroître la progressivité de l’impôt sur le revenu à 14 tranches" et "rétablir un ISF renforcé avec un volet climatique".
- Ils souhaitent également "supprimer la flat tax et rétablir l’exit tax".
- Sur la question de l'héritage, ils proposent de réformer la fiscalité des successions par plus de progressivité et "instaurer un héritage maximum".
Recrutement de fonctionnaires
- Les formations alliées du Nouveau Front populaire souhaitent, "dès l'été, lancer le rattrapage des postes manquants de fonctionnaires à l'hôpital public, à l’école publique, dans la justice, dans la police, dans les services et les agences de l’État".
- Elles proposent également de "garantir l’accès à chaque famille à un mode de garde adapté grâce à un service public de la petite enfance ouvrant 500 000 places".
Lutte contre les déserts médicaux
- Le Nouveau Front populaire souhaite "engager un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social et de revalorisation des métiers et des salaires".
- Afin de lutter contre les déserts médicaux, il propose de "réguler l’installation des médecins" et de "rétablir des permanences de soin des soignants libéraux dans les centres de santé".
Lutte contre le racisme et l'antisémitisme
- Les partis de gauche se sont accordés sur la mise en place d'un "plan interministériel" pour "prévenir et lutter contre l’antisémitisme" et d'un autre plan interministériel "contre l'islamophobie".
- Ils souhaitent également "adopter un plan de lutte contre les discriminations, notamment à l’embauche, à la santé et au logement, et le renforcement des sanctions".
Parmi les premiers à réagir au programme du Nouveau Front Populaire, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a estimé qu'il incarnait "l'assurance du déclassement, du chômage de masse et de la sortie de l'Union européenne" par son refus de la "discipline" en matière budgétaire.