Tensions à l'Assemblée autour de la présence du Collectif contre l'islamophobie en Europe à une réunion organisée par un député LFI

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Image d'illustration de l'Assemblée nationale. LCP
Image d'illustration de l'Assemblée nationale. LCP
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Jeudi 13 mars 2025 à 08:37, mis à jour le Jeudi 13 mars 2025 à 09:00

La présence de membres du Collectif contre l'islamophobie en Europe (CCIE) à une table ronde organisée, mercredi 12 mars, par Raphaël Arnault (La France insoumise) a été vivement critiquée par des élus de la Droite Républicaine, de l'Union des droites pour la République et du Rassemblement national. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qualifie l'association de "faux nez européen du CCIF", qui a été dissous en 2020, et considère que "LFI continue à se complaire dans sa proximité inacceptable avec les islamistes".

Une table ronde intitulée "Comprendre l'islamophobie pour mieux la combattre" était organisée mercredi 12 mars à l'Assemblée nationale par le député Raphaël Arnault (La France insoumise). Parmi les associations invitées : les Etudiants musulmans de France (EMF) et le Collectif contre l'islamophobie en Europe (CCIE). C'est la participation de ce dernier qui a concentré les critiques. Le CCIE, basé en Belgique, est qualifié par le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, de "faux nez européen" du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dont la dissolution avait été prononcée en Conseil des ministres en décembre 2020.

Dans un courrier daté du 10 mars, les députés Hanane Mansouri et Matthieu Bloch, tous deux membres du groupe Union des droites pour la République présidé par Eric Ciotti, demandaient à la présidente du Palais-Bourbon, Yaël Braun-Pivet, d'"empêcher l'inconcevable", en interdisant la venue de membres du CCIE. "Si des représentations de cette organisation islamise devait entrer dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, (...) ce serait une véritable gifle donnée à la République", dénonçaient-ils. 

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Déplorant "l'invitation de ce collectif" et jugeant "condamnable" que des élus fassent entrer à l'Assemblée nationale "des personnes dont les pratiques et les discours apparaissent comme contraires aux valeurs de la République", Yaël Braun-Pivet a cependant indiqué via un communiqué qu'après avoir "fait procéder aux vérifications requises", il était apparu qu'"en l'état des informations requises, que cette réunion [pouvait] se tenir, sous réserve que soient respectées les règles de comportement qui s'imposent dans une enceinte démocratique".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a quant à lui dénoncé "une provocation" de la part de La France insoumise. 

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L'article 13 du règlement intérieur de l'Assemblée stipule que Yaël Braun-Pivet est "chargée de veiller à la sûreté intérieure et extérieure" de l'institution. En novembre 2023, elle avait interdit la venue de la militante Mariam Abu Daqqa, membre du Front populaire de Libération de la Palestine (FPLP), une organisation qualifiée de terroriste par l’Union européenne.

Une question lors des QAG

Mercredi,  le sujet s'est invité à la séance des questions au gouvernement par la voix du député Vincent Jeanbrun (Droite républicaine). "C'est une honte !", a-t-il lancé dans l'hémicycle, accusant LFI de "faire l'apologie du terrorisme et des terroristes".   

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"Je crois que les Français attendent de nous plus souvent des compromis que des conflits, plus souvent des initiatives que des invectives", a répondu le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola. Quant aux "initiatives qui peuvent être prises contre tel ou agissement de tel ou tel député ou tel ou tel groupe parlementaire", il "s'agit de la prérogative exclusive du bureau de l'Assemblée nationale", a-t-il poursuivi.

Peu après, plusieurs députés UDR, dont Hanane Mansouri et Charles Alloncle, se sont rendus à la table ronde organisée par Raphaël Arnault. "On s'est dit qu'on allait quand même [lui ] remettre l'extrait du Journal officiel mentionnant que l'association qu'il avait invitée était islamiste et dissoute", a-t-elle déclaré dans la foulée face aux journalistes, regrettant avoir été "insultée" et bloquée à l’entrée de la salle qui, selon elle, devait être "ouverte à tous les députés". 

Sur les images diffusées par Hanane Mansouri, on entend Raphaël Arnault traiter les députés UDR de "racistes".

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Le 7 mars, sur X, Raphaël Arnault avait rappelé à ceux qui voulaient assister à cette table ronde qu'il s'agissait du dernier jour pour s'inscrire. "Au vu de la violence médiatique qui se déchaîne sur certains et surtout certaines participantes, la réunion ne sera pas ouverte à la presse", expliquait ce mercredi en amont à LCP l'entourage du député du Vaucluse. 

"Notre combat contre l'islamophobie ne faiblira pas", a réagi sur X, après l'altercation, le groupe de La France insoumise, affirmant qu'il était "hors de question qu'une minorité violente de députés d'extrême droite fasse sa loi à l'Assemblée nationale". 

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Dernier épisode de la journée autour de ces tensions, la président du groupe La France insoumise, Mathilde Panot a écrit à Yaël Braun-Pivet pour demander que des sanctions soient envisagées à l'encontre les députés dont elle qualifie le comportement de "perturbateur".