Invité à la réunion hebdomadaire du groupe Ensemble pour la République, ce mardi 21 janvier, François Bayrou s'est montré prudent sur la situation politique, après la décision des députés socialistes de ne pas voter la censure, mais s'est réjouit que cette évolution permette de "sortir d'une dépendance au Rassemblement national".
C'est une première depuis sa nomination à Matignon : François Bayrou a participé, ce mardi matin, à la réunion hebdomadaire des députés du groupe Ensemble pour la République (EPR). Et l'exercice – contrairement à ce qui s'était passé avec son prédécesseur, Michel Barnier, en octobre dernier – s'est bien passé, le Premier ministre recevant même une "standing-ovation", selon plusieurs participants.
Applaudissements aussi pour la toute nouvelle élue du parti présidentiel, Camille Galliard-Minier, qui a remporté l'élection législative partielle en Isère, dimanche dernier, face au candidat du Nouveau Front populaire, Lyes Louffok (La France insoumise). "C’est un vote d'une grande signification, sans précédent depuis longtemps", s'est réjoui François Bayrou. Et d'ajouter : "Jamais la candidate d'un parti exerçant la responsabilité du pouvoir n'a regagné une circonscription avec une marge aussi importante."
Le PS est en salle d'embarquement. Gabriel Attal
Mais c'est aussi la posture du Parti socialiste, qui a décidé de ne pas voter la motion de censure déposée la semaine dernière par les autres composantes du NFP, qui a occupé les discussions matinales. Les députés EPR se sont félicités du "décrochage" des troupes emmenées par Boris Vallaud, considérant que le Premier ministre les a "embarquées".
Ce sur quoi François Bayrou s'est montré plus prudent, aux dires de plusieurs sources présentes à la réunion, répondant : "Embarqués, embarqués, ce n'est pas encore le mot, mais on sort d'une dépendance au Rassemblement national."
Commentaire amusé, en forme de synthèse, de Gabriel Attal, le président du groupe EPR : "Le PS est en salle d'embarquement."
Sur la situation politique actuelle, François Bayrou a préféré voir, dans cette non-censure, un "bougé important" dans le paysage politique français, où il est désormais "possible d'imaginer un vaste espace central avec du dialogue". A propos de ses interlocuteurs du jour, le chef du gouvernement a estimé qu'Ensemble pour la République, principal groupe de la coalition présidentielle, constituait un "lieu de stabilité" et était le "pilier principal du socle central", tout en prévenant : "Nous n'avons aucun répit devant nous".
Interrogé sur cette rencontre, quelques heures plus tard, lors d'un point presse de son groupe, le député EPR Mathieu Lefèvre s'est dit "très heureux que le Premier ministre négocie avec le PS plutôt qu'avec le RN". Sur le budget à venir et les éventuelles nouvelles concessions qui pourraient être faites par le gouvernement, l'élu de la commission des finances a indiqué que son groupe serait "extrêmement vigilant sur les équilibres financiers".
D'autres seront aussi extrêmement vigilants sur le sujet : les députés de la Droite républicaine. Selon plusieurs médias, le président du groupe, Laurent Wauquiez, l'a rappelé ce mardi matin à François Bayrou, lors du petit-déjeuner de la majorité à Matignon, affirmant en substance qu'il ne faudrait pas que l'accord avec le PS se fasse "au prix de la banqueroute".
"Si François Bayrou fait le choix de faire des concessions trop fortes au Parti socialiste, et notamment avec un budget qui ne nous convient pas, on l'exprimera très clairement", a répété le député Julien Dive au micro de LCP.