Budget 2026 : le gouvernement annonce "un effort supplémentaire de 40 milliards d'euros", avant une prise de parole de François Bayrou

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Le ministre de l'Economie, Eric Lombard.
Le ministre de l'Economie, Eric Lombard.
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Lundi 14 avril 2025 à 10:46, mis à jour le Lundi 14 avril 2025 à 17:03

Le Premier ministre, François Bayrou, s'apprête à exposer les difficultés budgétaires du pays aux Français lors d'une conférence de presse sur les finances publiques prévue mardi 15 avril. Avant cela, le ministre de l'Economie, Eric Lombard, a annoncé dimanche que la France devra réaliser "un effort supplémentaire de 40 milliards d'euros" l'an prochain, pour maintenir l'objectif de déficit de 4,6% du PIB en 2026.

Préparer les esprits. A l'avant-veille d'un "comité d'alerte" sur les finances publiques présidé ce mardi 15 avril par François Bayrou, le gouvernement a tenu à poser les jalons. Pour maintenir l'objectif de déficit de 4,6% du PIB en 2026, la France va devoir réaliser "un effort supplémentaire de 40 milliards d'euros" l'an prochain, un engagement "très considérable", a annoncé le ministre de l'Economie, Eric Lombard, dimanche 13 avril sur BFMTV. "Ça va être essentiellement des économies" ou "ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance", a-t-il complété, évoquant un "état d'urgence budgétaire"

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Au même moment, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, indiquait sur RTL qu'entre "40 à 50 milliards" d'euros étaient "à trouver" pour le budget 2026. C'est "une équation difficile, mais le Premier ministre s'est engagé, le président de la République également, [...] à ne pas augmenter les impôts", ajoutait-elle.

Le pays s'est déjà doté d'un budget pour 2025 prévoyant une cinquantaine de milliards d'euros d'efforts, renforcé cette semaine par cinq milliards supplémentaires puisés dans des crédits mis en réserve.

François Bayrou veut "le soutien" des Français

Pour obtenir davantage de précisions sur les efforts prévus pour 2026, il faut attendre mardi matin. Après des échanges à huis clos autour d'un "comité d'alerte", composé des ministres Eric Lombard (Economie) et Amélie de Montchalin (Comptes publics), de parlementaires, des organismes de sécurité sociale ou encore des représentants des collectivités locales, le Premier ministre prendra la parole vers 11 heures pour sensibiliser les Français aux "pathologies" budgétaires de leur pays. "On ne peut faire une politique sérieuse qu’avec le soutien des citoyens. Et donc, dans ma méthode, il faut que tous les Français connaissent notre situation et les difficultés dans lesquels nous sommes", explique ce lundi François Bayrou dans Le Parisien.

Vendredi, en marge d'un déplacement à Coulommiers (Seine-et-Marne), ce dernier avait déjà évoqué le sujet, évoquant les "déséquilibres" bugdétaires de la France. "Ils sont d'autant plus difficiles à traiter que nous sommes entrés en temps de crise. Et nous allons cependant les exposer aux Français pour partager avec eux [...] tous les risques" inhérents à la confection du prochain budget, avait poursuivi le locataire de Matignon. 

Le gouvernement s'apprête également à présenter mercredi en conseil des ministres son plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT). Ce document, adressé à la Commission européenne, présente la trajectoire budgétaire du pays pour les années à venir.

Quelles pistes d'économies ?

L'allocution de François Bayrou prévue ce mardi devrait davantage ressembler à un état des lieux de la situation et non à un déroulé d'annonces concrètesLa conférence servira "à la fois à dire où on en est et où on veut aller. Après, il y aura trois mois, trois mois et demi, de mise au point, d'avancée, vers des décisions", a expliqué le Premier ministre au Parisien. "Nous sommes en avril. [...] On parle du budget 2026, il est trop tôt pour donner ce détail", avait répondu dimanche Eric Lombard, interrogé sur la répartition des futures économies.

Le ministre a toutefois dit "souhaiter" que la contribution différentielle sur les plus hauts revenus, présentée comme temporaire et qui fixe un taux minimal d'imposition de 20%, soit "pérenne". Bercy travaille à transformer cette contribution "en un outil de lutte contre les sur-optimisations fiscales", a dans la foulée précisé son cabinet à l'AFP.

Parmi les autres pistes, le Premier ministre a cité "la nécessité d'une augmentation du taux d'emploi des seniors" dans un communiqué publié jeudi, à la suite du rendu du second rapport demandé par le gouvernement à la Cour des comptes pour la concertation en cours sur les retraites. Sont également régulièrement évoqués dans le débat, notamment par le patronat, un effort éventuel des retraités, une hausse de la TVA ou le financement de la sécurité sociale. Le sujet de l'assurance chômage est également revenu sur la table la semaine dernière, lors d'une réunion à l'Élysée en présence de six ministres, visant à identifier des pistes pour réduire les déficits publics, comme dévoilé par L'Opinion

Après les annonces gouvernementales de ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon s'est indigné sur X de l'effort budgétaire annoncé pour 2026, estimant que "le peuple de France est traité comme la Grèce en 2010". Le leader de La France insoumise fait référence à la crise grecque qui avait provoqué une crise de toute la zone euro et obligé la Grèce à une cure d'austérité d'une rare sévérité.

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Le président insoumis de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Eric Coquerel, a lui aussi fustigé sur le réseau social le maintien d'une "politique qui échoue" et un "contre-sens historique" de la part du gouvernement qui va encore affaiblir "l'activité économique, la demande et donc la consommation populaire".

Côté socialiste, le premier secrétaire Olivier Faure a réagi sur un mode ironique. "Pas de problème, il y a 80 milliards d’économies à faire en revenant sur les cadeaux fiscaux depuis 2017", a-t-il écrit sur X. Et d'ajouter : "Pour rappel la dette de la France n'est pas tombée du ciel, elle est le produit d'une politique fiscale favorisant les plus riches qui devait ruisseler sur tous les autres…"

Cet effort supplémentaire pourrait-il être un motif de censure du gouvernement ? "Si le projet c'est de demander aux Français de se serrer la ceinture une fois de plus sans que l'État lui-même ne fasse des économies, n'aille sur le chemin des économies en matière d'immigration, de train de vie de l'État, des collectivités, eh bien nous nous emploierons à le censurer", a d'ores et déjà prévenu le vice-président du Rassemblement national et député Sébastien Chenu sur Europe1/CNews.

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Les maires de France boycottent le rendez-vous

Le communiqué est tombé peu avant 17 heures ce lundi 14 avril. L’Association des maires de France (AMF) a annoncé qu'elle ne participera pas au "comité d'alerte" sur les finances publiques organisé par le Premier ministre, François Bayrou, mardi.

"Aucun ordre du jour détaillé ou document de travail n'a été fourni aux organismes convoqués, malgré les demandes", déplore l'AMF, qui refuse d'être "les figurants d'une énième séquence de communication". Elle se tient toutefois "à la disposition du gouvernement pour une vraie démarche constructive et durable".

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Selon les informations de La Tribune, "8 milliards d'euros d'efforts vont être demandés aux collectivités territoriales", après des économies d'environ 2,2 milliards d'euros imputées aux collectivités dans le budget 2025.