Dans un communiqué publié, ce mercredi 5 février, La France insoumise tire à boulets rouges sur le Parti socialiste qui n'a pas voté la censure du gouvernement sur le projet de loi de finances. "Par cette décision, le PS rompt unilatéralement (...) le cadre du Nouveau Front populaire", considère la formation de Jean-Luc Mélenchon.
"Nous refusons ce retour aux pratiques de la vieille gauche à la Hollande qui trahit ses engagements et renie sa parole donnée". Le communiqué de presse a été envoyé avant même l'annonce du résultat du vote de la motion de censure sur le projet de loi de finances 2025, qui a sans surprise été rejetée.
Dénonçant un budget "à l'inverse du programme du Nouveau Front populaire", La France insoumise estime qu'en ne soutenant pas ce texte, "le Parti socialiste rompt unilatéralement et sans aucune discussion collective le cadre du NFP". "Nous prenons acte de l'interruption par le PS du NFP", l'alliance de gauche ne pouvant "réunir à la fois des forces d'opposition unies contre le gouvernement et l'un de ses soutiens", affirme le communiqué publié par la formation de Jean-Luc Mélenchon.
Depuis plusieurs jours, les élus Insoumis répétaient qu'un tel scénario, s'il était avéré, reviendrait à ce que le Parti socialiste soit désormais dans un soutien sans participation au gouvernement de François Bayrou. "Voter la motion de censure, c'est s'affirmer dans l'opposition", insistait la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, mardi 4 février lors de son point presse hebdomadaire. Elle ajoutait : "Si les députés socialistes ne votent pas, ils confirmeront un changement d'alliance que nous voyons venir depuis longtemps."
Au micro de LCP ce mercredi soir, Mathilde Panot a critiqué un PS qui "renie les engagements pris devant les électeurs" et "nous rappelle qu'Emmanuel Macron est le produit, avant d'être président de la République, du gouvernement de François Hollande". Elle ajoute : les socialistes se sont eux-mêmes "isolés" du NFP en refusant de voter la motion de censure. Mais le "NFP n'est pas mort" : "il a été sauvé par les six socialistes qui ont voté la censure, les écologistes, les communistes et les Insoumis."
Et maintenant ? Refusant d'être "confondu si peu que ce soit avec une telle forfaiture", qu'il "condamne sans circonstances atténuantes", le parti de Jean-Luc Mélenchon "convoque une réunion de sa coordination nationale et de son intergroupe parlementaire", afin d'en tirer les conséquences politiques.
A l'Assemblée nationale, le groupe LFI indique, dans son communiqué, qu'il va "proposer une réunion de tous les parlementaires de gauche qui ont voté la censure" (parmi lesquels six élus socialistes, selon l'analyse du scrutin) et une rencontre à ses encore alliés communistes et écologistes, "pour faire le point et poursuivre sur la base d'un rassemblement loyal et clairmeent dans l'opposition au macronisme".
Invité de France Inter mardi matin, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, avait déclaré que : "Jean-Luc Mélenchon n’est pas celui qui dit qui est de gauche, qui est de droite ou qui appartient ou non au Nouveau Front populaire." Dans une note de blog publiée la veille, le leader insoumis avait lui-même acté que "le NFP (était) réduit d’un parti".
Jean-Luc Mélenchon n'est pas le chef du NFP. Olivier Faure
"Il n'y a pas de chef au NFP, Jean-Luc Mélenchon n'est pas le chef du NFP", a répété Olivier Faure mercredi soir à l'Assemblée nationale, affirmant que ce dernier n'avait "aucune légitimité à exclure qui que ce soit". "Quand il a fait le choix en septembre d'engager une procédure de destituton (contre Emmanuel Macron), elle n'était pas dans le programme. Personne n'a choisi d'exclure LFI. Ce qui est vrai pour les Insoumis est vrai pour les socialistes", a fait remarquer le premier secrétaire du PS.