Le docteur Patrick Laine, bientôt 68 ans, est depuis 35 ans médecin généraliste à Saulnot, une commune de 800 habitants située en Haute-Saône. Passionné mais usé, il sait qu´il va devoir s´arrêter, prendre sa retraite et penser enfin à lui et à ses proches. Pourtant, il ne peut se résoudre à laisser ses patients sans solution, surtout les plus fragiles et dépendants, ceux pour lesquels sa disponibilité et ses visites sont essentielle. Il a tout tenté pour trouver un successeur, mais en vain. L´espoir de faire venir un médecin pour le remplacer d´ici son départ à la retraite s´amenuise de jour en jour.
Les derniers mois d´exercice de ce praticien profondément humain, dévoué, trop peut-être, représentatif en tout cas d´une ancienne génération de médecins, sont de plus en plus difficiles : « la richesse de ce métier, et sa grande difficulté aussi, c´est que nous ne soignons pas un organe, nous soignons un être humain (...) Un médecin généraliste, (...) c´est un médecin de proximité (...) qui doit avoir aussi des capacités d´écoute (...) moi je fais des diagnostics par la poignée de la main et en regardant les gens. » Il est un exemple parmi tant d´autres de médecins sur le point de raccrocher et qui ne seront pas remplacés. Ce dernier bout de chemin à ses côtés permet d´appréhender la détresse humaine et sociale qui se cachent derrière l´expression « déserts médicaux ».